1966 / Premier Noël à Carnoux-en-Provence

Terre d'accueil pour les pieds-noirs, la petite ville est devenue commune de plein exercice le 26 août 1966. Quatre mois plus tard, les habitants peuvent donc fêter leur premier Noël officiel à l’église Notre-Dame d’Afrique.

/ La Provence

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Rares sont les villes et les villages qui peuvent dire à quand remonte leur premier Noël. Pour cause, instituée le 25 décembre au IVe siècle, cette fête de la Nativité s'est diffusée par la christianisation progressive de l'Europe et du bassin méditerranéen. Autrement dit, on ne sait pas quand elle est apparue ici ou là. Il est toutefois une exception dans notre région, à savoir Carnoux-en-Provence : c'est en effet le 26 août 1966 que le Premier ministre Georges Pompidou a décrété commune de plein exercice ce qui est aujourd'hui devenu une petite ville de près de 7 000 habitants. Il est donc possible de fixer à cette année-là le premier Noël carnussien !

Le décret de création de Carnoux-en-Provence, daté du 26 août 1966 / Archives

Le décret de création de Carnoux-en-Provence, daté du 26 août 1966 / Archives

Le décret de création de Carnoux-en-Provence, daté du 26 août 1966 / Archives

Eté 1962, des bénévoles chargés de l'accueil des rapatriés à l'arrivée des bateaux à Marseille / Photo Pierre Domenech

Eté 1962, des bénévoles chargés de l'accueil des rapatriés à l'arrivée des bateaux à Marseille / Photo Pierre Domenech

Eté 1962, des bénévoles chargés de l'accueil des rapatriés à l'arrivée des bateaux à Marseille / Photo Pierre Domenech

Avec la décolonisation de l'Afrique-du-Nord, des milliers de rapatriés vont s'installer en Provence. Dès1957 démarre le projet de créer une ville nouvelle entre Aubagne et Cassis, après l'échec d'une première tentative à Gémenos : porté par des « Marocains » rejoints après 1962 par des « Algériens », il mettra du temps se concrétiser. Portée par une société créée à Casablanca, la Coopérative immobilière française (CIF), une première tranche de chantier comportant 250 villas est réalisée en 1959-1960. Les conditions de vie sont alors difficiles, les problèmes d'alimentation en eau et de voies d'accès ne sont pas tous réglés ; le chemin allant d'Aubagne à Cassis n'est pas toujours praticable ; le gaz de ville n'arrive qu'en 1961.

« Peu à peu, les problèmes sont toutefois résolus, rapporte l'historien Jean-Jacques Jordi. En octobre 1964, la petite ville, rattachée à la commune de Roquefort-la-Bédoule, compte déjà 1 200 habitants permanents dans les immeubles de trois à quatre étages et 2 000 habitants dans des maisons individuelles qui lui donnent un aspect de cité-jardin ».

La préfecture a accordé les permis de construire alors que les terrains n’étaient pas viabilisés / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

La préfecture a accordé les permis de construire alors que les terrains n’étaient pas viabilisés / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

La préfecture a accordé les permis de construire alors que les terrains n’étaient pas viabilisés / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

Les élus du premier conseil municipal / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

Les élus du premier conseil municipal / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

Les élus du premier conseil municipal / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

En 1963, comme le rappellent les archives municipales de la ville, un groupe d'habitants réclame au préfet une enquête publique pour que Carnoux devienne une commune à part entière : « Après deux échecs, un groupe d'opposants au rattachement de Carnoux à la commune d'Aubagne est initié. Il s'agit du 'comité des cinq', présidé par Ignace Heinrich, vice-champion olympique, réunissant Melchior Calandra, rapatrié d'Algérie, Paul Bonan, originaire de Tunisie, André Laforest, et Adolphe Faure, rapatriés du Maroc. À force de campagnes de presse et de réunions publiques, ils obtiennent finalement gain de cause ». Le Noël 66 prend donc une saveur particulière, comme le racontait voici quelques années Ignace Heinrich : « Après cette victoire, qui avait provoqué quelques dissensions entre nous, Noël est apparu comme une occasion heureuse de se retrouver. Pour des gens qui avaient connu le déracinement, cela restera comme un moment d'apaisement qui a contribué à unir notre communauté ».

Originaire de Bologhine près d'Alger, la famille Perez en conserve toujours aujourd'hui un souvenir fort : « J'avais 8 ou 9 ans et c'est la première fois que j'ai compris que Carnoux n'était pas une ville comme les autres », témoigne le fil aîné Laurent. D'autant que les Carnussiens disposent enfin d'une véritable église (jusqu'alors, les messes étaient célébrées dans un ancien pressoir à raisin) : au terme d'un long et coûteux chantier, Notre-Dame d'Afrique avait été consacrée en mars 1966. À temps pour le premier Noël !

La consécration de Notre-Dame d'Afrique, en mars 1966 / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

La consécration de Notre-Dame d'Afrique, en mars 1966 / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

La consécration de Notre-Dame d'Afrique, en mars 1966 / Archives municipales de Carnoux-en-Provence

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 17:06

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 17:06

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 17:06

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 17:06