Caius Sextius Calvinus, fondateur d’Aix-en-Provence

La première cité créée par les Romains dans une Gaulle alors loin d’être pacifiée... Située entre l'Italie et l'Espagne, avec Massalia au sud et la Durance au nord, Aquæ Sextiæ avait une importance stratégique. C’est toutefois pour une autre raison qu’elle gagne rapidement une forte notoriété dans tout le monde antique : la qualité de ses thermes, d’abord alimentés par des aqueducs, puis par des sources d’eau chaude. Des fouilles archéologiques ont ainsi permis de mettre au jour un autel dédié au dieu gaulois Bormanus, aussi appelé Borvo, dieu des sources chaudes.

L’oppidum d’Entremont, la "capitale des Salyens" / Photo Richard Colinet

Reconstitution d’une légion romaine pour le festival Arelate / Photo Bruno Souillard

Nommé consul en 124 av. J.-C., Caius Sextius Calvinus reçoit pour mission de poursuivre la conquête de la Gaule transalpine jusqu'au Languedoc. Campagne au cours de laquelle il répond à l’appel à l’aide de la colonie grecque Massalia, qui cherche à mettre fin aux pillages des Celto-Ligures qui peuplent la région. Diodore de Sicile évoque, avec l'arrivée du consul romain en Provence, une concentration de troupes gauloises à Entremont : la "capitale des Salyens" comptait alors une population de plusieurs milliers d’habitants. Le but de ce rassemblement est d'empêcher le passage de l'armée romaine et aurait provoqué une véritable bataille rangée entre les deux armées. Elle aboutit à la prise de la ville et à la fuite, en 123, le roi Teutomalios chez ses alliés allobroges. Les légions en profitent alors pour dégager la côte entre le Rhône et le Var, bande de terre confiée à la garde de la future Marseille.

L’oppidum d'Entremont détruit et ses habitants réduits à l’esclavage, Caius Sextius Calvinus a droit à un triomphe à Rome, pour ses victoires sur "les Ligures, les Voconces et les Salluviens". Fort de ce succès, il décide de créer sa propre cité, comme le rapporte l’auteur latin Tite-Live : "Le proconsul, après avoir vaincu la peuplade des Salluviens, fonda la colonie d'Aquae Sextiae, ainsi appelée en raison à la fois de l'abondance des eaux provenant des sources chaudes et froides et de son propre nom à lui". L’événement est également évoqué par Strabon, qui parle d’une ville plutôt que d’une garnison.

Caius Sextius Calvinus vu en 1900 par Joseph Villevieille dans le hall de l'Hôtel de Ville d'Aix-en-Provence / La Provence

Acquae Sextae dans la bande dessinée "Alix" / Jacques Martin

Si les premiers temps d’Aquæ Sextiæ sont peu documentés, les récits sont d’autant plus confus que les auteurs confondent souvent Caius Sextius Calvinus - dont la date et le lieu de la mort sont inconnus - et son fils, qui portait le même nom. Qu’importe, la cité se développe au Ier siècle av. J.-C. : "Cet établissement témoignait clairement aux yeux des indigènes qu'ils avaient changé de maîtres", peut-on lire dans l’Encyclopédie des Bouches-du-Rhône publiée en 1924. La nouvelle ville s'inscrit dans un ovale irrégulier de 790 mètres de tour, qui enferme la partie la plus haute de ce qu'on appellera plus tard le bourg Saint-Sauveur.

L'approvisionnement en eau était assuré par trois aqueducs (Traconnade, Vauvenargues et le Tholonet), pour l'alimentation domestique des Aquenses (ndlr : les futurs Aixois), l'entretien et le remplissage des bassins des domus, des fontaines et des thermes, ainsi que pour l'entretien et le nettoyage du réseau des égouts. Aujourd'hui, Aix-en-Provence reste considérée comme une ville d'eau. En revanche, le souvenir de son fondateur est bien oublié, même si son nom a été donné à l'une des voies les emblématiques du centre-ville : le Cours Sextius.

Le Cours Sextius au début du XX^e siècle / La Provence