Euroméditerranée, catalyseur économique
Avec Euroméditerranée, Marseille change de perspective

En 30 ans, le long du littoral marseillais, l'établissement public a aménagé 756 000 m2 de bureaux. Un vivier riche et diversifié de 6 100 établissements s’y est implanté, induisant plus de 56 000 emplois. Propulsé au rang de 3e quartier d’affaires de France, Euroméditerranée a su transfigurer l'image économique de Marseille.
Moderne, connecté, innovant, accessible et ensoleillé, le secteur de l'arrière-port de Marseille est (re)devenu attractif. Retour sur les leviers qui ont forgé ce renversement.
“Continuer à attirer les entreprises”
"En 1995, Marseille avait perdu 50 000 emplois en 20 ans et affichait un taux de chômage de 22 %, poussant 150 000 personnes à quitter la ville. Depuis la création de l'Etablissement Public d'Aménagement Euroméditerranée il y a 30 ans, nous comptons désormais 756 000 m² de bureaux, 56 172 emplois et 6 109 établissements sont présents sur le périmètre, avec un taux de vacance quasiment nul (3,9 % en 2024). Concernant l'immobilier de bureaux, dans le contexte d'un marché national globalement en retrait, le quartier d’affaires d’Euroméditerranée voit sa demande placée augmenter de 26 % en 2024, après avoir pâti de l’absence de grandes transactions en 2023. Le secteur a retrouvé son dynamisme. Si l'on veut continuer à attirer des entreprises, il faut continuer à produire des bâtiments à vocation tertiaire."
Le mot de Laure-Agnès Caradec, présidente du Conseil d’administration de l’Etablissement Public d’Aménagement Euroméditerranée
Laure-Agnès Caradec © Guillaume Ruoppolo
Laure-Agnès Caradec © Guillaume Ruoppolo
“On ne fait pas de développement économique sans faire de la ville complète”
"Au fil du temps, Euroméditerranée s'est imposé comme le troisième pôle d'affaires à l'échelle nationale. Près de 20 000 m² de bureaux sont produits par an depuis 15 ans et 200 000 m² sont attendus d'ici à 2030. Au-delà du quartier d'affaires, d'autres zones participent activement au développement économique de la ville, et notamment Euroméditerranée 2. Le boulevard Cap Pinède / Gèze sera la nouvelle entrée de la ville au nord de Marseille, avec l'accessibilité au métro et l'A55. C'est un nouveau pôle tertiaire qui accueille entre autres RTE et Free Pro, soit 1 200 employés. À l'horizon 2040, Euroméditerranée 2 devrait compter 20 000 emplois supplémentaires. Ce développement s'inscrit dans une logique de dynamique plus globale, où l'on ne fait pas de développement économique sans faire de la ville complète. On compte notamment près de 10 000 logements neufs produits sur Euroméditerranée 1 et 5 280 logements réhabilités. Sur la fin d'Euroméditerranée 2, 10 000 autres logements seront créés. Le périmètre accueille également une offre de formation qui s'étoffe avec l'ouverture de la Cité scolaire internationale Jacques-Chirac."
Le mot d’Aurélie Cousi, directrice générale d’Euroméditerranée
Aurélie Cousi © Antoine Pecatte
Aurélie Cousi © Antoine Pecatte
Quai d'Arenc, Marseille arbore son nouveau visage
Le 12 mai démarrait la construction de la dernière tour du quai d’Arenc : M99, signée Pietri Architectes. À sa livraison, en 2027, cette tour d’habitation de 99 mètres de hauteur viendra compléter la ligne totémique d’immeubles qui se dresse derrière la digue du large, dominant le terminal des ferries : la fameuse "skyline" marseillaise. Sa verticalité tranche radicalement avec les formes urbaines traditionnelles de Marseille. Inspirée des quartiers d’affaires des métropoles mondiales, elle affiche le renouvellement à l’œuvre et matérialise cette volonté d’attractivité portée conjointement par l’État et les collectivités territoriales, sous la houlette de l’Établissement public d’aménagement Euroméditerranée depuis 30 ans.
Une architecture emblématique
Sur le site des anciens entrepôts Transcausse, la toute première pierre de ce nouvel ensemble est posée par Zaha Hadid, l’architecte de la tour CMA - CGM. Avec ses 147 mètres de hauteur, cet édifice asymétrique s’inscrit dans la légende (urbaine) qui rapporte l’interdiction de dépasser l’altitude de Notre Dame de la Garde, icône du vieux Marseille, sise à 150 mètres. Livré en 2010, le siège de l’armateur a trôné seul quelques années. En 2014, vient s’y adjoindre le Balthazar, de Roland Carta (31 mètres), puis, la Marseillaise.
Signé Jean Nouvel, cet immeuble de bureaux tricolore, haut de 135 mètres, accueille la Métropole Aix-Marseille-Provence, Haribo, Sodexo, Orange, la CEPAC et Constructa. En 2024, entre ces deux géants s’est intercalée la tour Mirabeau, 85 mètres de hauteur, conçue par Hala Wardé. Y travaillent les salariés des filiales de CMA - CGM : CEVA logistics, La Méridionale, mais aussi les collaborateurs de KPMG, Unitel Group, Bouygues immobilier.
Ces implantations témoignent d’une attractivité économique retrouvée. En 2023, la Porte Bleue est venue flanquer la Marseillaise de ses arches éclatantes, destinée à héberger une résidence de tourisme et des logements, à l’instar de la future M99.

Un pari économique réussi
Confortée sur la scène internationale, Marseille est devenue l'une des villes les plus attractives de France.
En 2022, une enquête* menée auprès de dirigeants internationaux, plaçait Aix-Marseille-Provence sur le podium des métropoles régionales susceptibles de concurrencer Paris. Si l’étude concerne l'attractivité que peut représenter la ville pour les investisseurs, elle fait écho à ses nombreux avantages économiques : infrastructures technologiques, pluralité des transports, disponibilité des talents, qualité de vie au travail... Des critères qui se concentrent au sein du quartier d’affaires Euroméditerranée. En plus de jouir d’une situation géographique idéale, celui-ci est le fruit d’une réflexion commune, initiée à la fin des années 90 avec le lancement de l’EPAEM, visant à relancer l'attractivité de Marseille. Aujourd’hui, le pari semble réussi. En quelques années, le périmètre est devenu le terrain de jeu des grandes entreprises venues s’y installer.

Faciliter la vie de milliers de salariés
Pour s’en rendre compte, il suffit de lever les yeux vers le ciel. D’abord les tours CMA CGM, la Marseillaise, la tour Mirabeau qui caractérisent la skyline méditerranéenne. Puis les chiffres : 756 000 m2 de bureaux, 6 100 entreprises, établissements publics et privés, 56 000 emplois dans les secteurs bancaires, industriels, numériques, maritimes, énergétiques, touristiques, etc. Cette diversité économique est représentative de la stratégie motrice opérée par Euroméditerranée, où rien n’a été laissé au hasard, notamment pour faciliter la vie des milliers de salariés travaillant en son sein. "On est bien lotis sur pas mal de points, estime Romain, consultant en cybersécurité à Orange Cyberdefense dont les locaux occupent le dernier étage de la tour Eko Active, en plein cœur d’Euromed 1. Que ce soit au niveau des transports, des restaurants, des commerces, de la proximité avec nos clients... Tout a été pensé pour simplifier notre quotidien." Un constat que partage sa collègue Veronika, alternante en commerce. "J’habite à Aix et je prends le bus tous les jours pour aller au travail. Ça a été un vrai soulagement pour moi de savoir que le bus 49, une ligne directe Aix-Marseille, s’arrêtait juste devant nos bureaux."

" Le sentiment de participer à la création d'un nouveau lieu de vie "
Actuellement en plein développement, le périmètre Euromed 2 promet le même cadre de vie aux entreprises et grands groupes qui s’y implantent. Il y a deux ans, le géant des télécoms Free Pro a fait de l’écoquartier Smartseille son siège social. "Cet emplacement n’a pas été choisi par hasard, assure Denis Planat, le directeur général de Free Pro. Il correspond à nos valeurs et notre ADN de pionnier. Smartseille est pour nous un territoire d’avenir, en pleine évolution." À ce jour, près de 700 collaborateurs se rendent sur le site. Lionel Hocepied, responsable régional de la filiale, ne tarit pas d’éloges à propos de son nouveau lieu de travail. "Nous évoluons dans un espace qui mêle habitations, écoles et entreprises, et avons le sentiment de participer à la création d’un nouveau lieu de vie", explique le responsable qui souligne au passage le choix stratégique de Free Pro. "Nous revendiquons cet ancrage local auprès de nos partenaires et de nos réseaux d’entreprises en organisant régulièrement des événements au siège afin de promouvoir ce quartier qui est en train de se réinventer", complète-t-il. Dans cette dynamique, et à l’heure où l’extension de ligne du tramway T3 se déploie sur le nord de la ville, Euroméditerranée 2 marque une nouvelle étape dans la transformation économique et urbaine de Marseille, en misant sur la diversité des activités, la mobilité et un immobilier responsable. "Il permettra une mixité de développement économique en lien avec les besoins émergents et une diversification des catégories d’emplois accueillies sur le territoire, indique Corine Orsoni, directrice du développement économique chez Euroméditerranée. Il nous paraît important de mettre en place les conditions nécessaires à la production de bureaux en quantité suffisante afin de répondre à la demande et de maîtriser les loyers.” Les 8 700 m2 de bureaux neufs de l'immeuble Le Phocea, achevés dès l'été prochain rue Cazemajou, devraient participer à la réalisation de cette ambition. De même, le siège régional de RTE livré cet automne dans l’opération des Fabriques au cœur de la ZAC Littoral verra s'implanter prés de 600 salariés supplémentaires contribuant à cette synergie économique sur Euroméditerranée 2.
(*) Cabinet EY

Les commerces, fil conducteur du développement urbain
Entre les tours et les logements du quartier d’affaires, une nouvelle offre commerciale prend racine. Restaurants et cafés animés, commerces de proximité et de destination : le tissu économique local se densifie, entrainant chaque jour salariés, habitants et touristes dans un art de vivre urbain qui ne cesse de se métamorphoser.
Avec ses trottoirs élargis, la rue Mazenod accueille désormais les terrasses des restaurants et des cafés. © CL
Avec ses trottoirs élargis, la rue Mazenod accueille désormais les terrasses des restaurants et des cafés. © CL
"On a fait beaucoup et tout reste à faire”
En bordure du quartier d’affaires, une curiosité. À l’angle des rues de Ruffi et Urbain V, la librairie L’Île aux Mots apparaît comme une oasis de vie logée dans le secteur d’Arenc. En s’installant ici il y a plus d’un an, Nadir Yacine, son fondateur, s’est révélé être un visionnaire. “On ne connaissait pas du tout le quartier, se souvient cet architecte urbaniste de métier, attiré par le potentiel de ce surprenant emplacement. Quand nous l’avons sillonné pour la première fois, je me suis retrouvé face à un no man’s land, la plus proche librairie se trouvant au Centre Bourse. Pourtant, j’y ai reconnu une recomposition urbaine.” Un constat qui a fait sens dans son projet, pensé tel un lieu d’entraide, de partage et de resocialisation. Sur fonds propres, il investit avec sa compagne un local géré par le bailleur social Sogima — sens encore — sans s’imaginer un seul instant que sa librairie généraliste, dotée d’ouvrages édités dans plusieurs langues, côtoierait un jour la Cité scolaire internationale Jacques Chirac. “C’était un vrai coup de théâtre. Nous avions misé sur la Cité Judiciaire et sur les salariés des entreprises environnantes, le groupe scolaire Ruffi et l’école privée Robert-Schuman... La Cité Scolaire Internationale a été sur la cerise sur le gâteau”, plaisante Nadir. L’ouverture en septembre prochain du collège Loyola, rue de Vintimille ne saurait que conforter ses prédictions. Des partenariats avec ce dernier sont par ailleurs en cours. “On a fait beaucoup et tout reste à faire, poursuit-il. Nous avons déployé une énergie surhumaine depuis l’ouverture, et dans le même temps, nous voyons bien que les habitants ont soif de ce type de service, quasiment vital pour certains. Aujourd’hui, nous avons besoin de soutien financier afin de continuer à alimenter les résonances entre tous les acteurs du quartier.”
Nadir Yacine, libraire – L'Île aux Mots
“C’était ici et pas ailleurs”
Parmi les enseignes incontournables de la rue de la République, le concept-store créé de toutes pièces par la décoratrice et architecte d’intérieur Sophie Ferjani. Depuis 2017, elle incarne, avec d’autres, le renouveau du quartier. “S’installer à Marseille a été pour nous une évidence, confie-t-elle, tombée sous le charme de la ville et de ses alentours dès l’enfance. Quand je venais en vacances ici, je me suis vite rendu compte que Marseille avait tous les atouts d’une grande ville, ses commerces et infrastructures, son animation quotidienne... Et en quelques secondes, le sel s’invite dans vos cheveux, votre regard se pose au loin sur la mer, puis sur les collines.” Après avoir réalisé des études de marché, elle décide, avec son mari, de conjuguer son projet de vie à sa carrière professionnelle. Au 45 rue de la République, s’implante ainsi la Sélection by Sophie Ferjani. Un choix stratégique selon la décoratrice. “C’était ici et pas ailleurs. J'aime les défis et je fonctionne beaucoup à l’instinct. Pour moi, s’installer dans cette rue impériale qui renait de ses cendres et qui reflète le nouveau visage de Marseille, c’est faire partie de l’avenir.” Opération réussie : l’affaire familiale est devenue le témoin quotidien d’un quartier qui évolue “dans le bon sens”, avec une multitude de commerces qui fleurissent, notamment autour du passage de Lorette, lui aussi réhabilité.
Sophie Ferjani, architecte d’intérieur et décoratrice - La Sélection by Sophie Ferjani
“Un bien fou pour la rue et le quartier”
À la Joliette, la Table de l’Olivier est une institution. Fréquenté historiquement par les dockers marseillais, ce restaurant a traversé les grandes étapes évolutives du quartier. “Cela fait près de 20 ans que nous travaillons ici, souligne Gilles Carmignani, le propriétaire de l’établissement. Des choses, nous en avons vu ! À l’époque, le quartier était très populaire, il n’y avait aucun touriste. Puis on a vu la passerelle tomber... Aujourd’hui, c’est très différent. Après un chantier titanesque, la Joliette s’est développée dans le bon sens, elle s’est embellie, et le monde entier lui rend visite.” Russes, Chinois, Japonais, Belges, Hollandais, Espagnols font désormais partie de la clientèle. “On a dû s’adapter et former notre personnel en salle !”, ironise le restaurateur. En parallèle de cet ajustement, l’établissement situé rue Mazenod a vu sa terrasse s’agrandir. Les travaux de la chaussée, initiés au lendemain du Covid par Euroméditerranée ont considérablement élargi les voies piétonnes. “Un bien fou pour la rue et le quartier, selon Gilles Carmignani. Nous sommes passés d’une rue sombre à une rue complétement éclairée, avec du passage et un décor haussmannien plus qu’appréciable.” Le restaurateur reste néanmoins très attentif aux travaux du J1, espérant qu’ils n’impactent pas la dynamique opérée.
Gilles Carmignani, restaurateur – La Table de l’Olivier
En chiffres
Comment Euroméditerranée crée de l'emploi
Vecteur de développement économique et d'attractivité, Euroméditerranée a dynamisé l'emploi à Marseille.
Minée par le ralentissement progressif de l'activité portuaire, dans les années 1990, Marseille semble en panne d'avenir. Sa population décroît. "Face à ce constat, l'État et les collectivités créent l'opération d'intérêt national (OIN) pour relancer la dynamique socio-économique qui va de pair avec l'aménagement urbain et l'ouverture de nombreux chantiers de bureaux, de logements, d'équipements et de commerces. Attirer les entreprises pour créer de l'emploi est dès l'origine dans l'ADN de l'EPAEM, explique Magali Fauvet, chargée de mission Développement économique, emploi et insertion, à Euroméditerranée. Ce pari se traduit en chiffres." En 30 ans, plus de 5 500 marchés ont été conclus entre l'EPAEM et des prestataires ou des entreprises BTP permettant l'emploi de nombreux salariés.
À Marseille, un salarié sur cinq travaille dans la zone Euroméditerranée
Aujourd'hui, le périmètre de l'OIN concentre un emploi salarié sur cinq à Marseille, soit 8 % à l'échelle de la métropole. Et 80% de ces emplois sont localisés dans le premier périmètre d'Euroméditerranée, "devenu le 3e quartier d'affaires de France", souligne Stéphane Pellen, directeur de la Cité des entrepreneurs d'Euroméditerranée. Cette association, créée en 2000 par l'EPAEM et la Chambre de commerce et d'industrie, est conçue comme un réseau d'aide et d'accueil aux entreprises. Elle en fédère à ce jour 240.
"Aujourd'hui, la qualité de vie au travail est un enjeu de recrutement. La centralité du quartier, son accessibilité, la mixité de ses usages sont autant d'atouts. Mais au début des années 2000, la situation n'était pas brillante. Des entreprises de niveau national s'étaient déjà installées, et peinaient à recruter, reprend-il. La Cité des entrepreneurs s'est naturellement engagée pour l'emploi en lançant, notamment, le salon Euromed'tier." Sa 18e édition a réuni en octobre 2 000 candidats sur la journée, auxquels 50 entreprises ont proposé 400 offres. L'association œuvre également à l'inclusion des personnes en situation de handicap et à l'insertion des publics éloignés de l'emploi.
Une clause d'insertion pour les publics éloignés de l'emploi
Sur ce volet, la politique des marchés de travaux de l'EPAEM a ouvert 797 000 heures d'insertion à des personnes éloignées de l'emploi, effectuées lors des nombreuses opérations de construction et d'aménagement de l'OIN, soit en moyenne 53 000 heures par an depuis 2010. "La clause d'insertion sociale la rend obligatoire dans les appels d'offre, précise Magali Fauvet. En remportant le marché, les entreprises doivent réserver une part d'heures de travail ou de formation à des personnes éloignées de l'emploi. C'est un levier important dans la lutte contre le chômage et l'exclusion." Avec plus de 70 opérations programmées pour la période 2024-2028, l'EPAEM enregistre un objectif de 133 000 heures d'insertion à réaliser. En parallèle à l'impact direct généré sur l'emploi par les chantiers, la clause d'insertion sociale a permis l'accès à l'emploi et à la formation de 1 330 personnes.

En chiffres
Le périmètre d'Euroméditerranée compte :
6 110 établissements installés,
57 000 emplois directs, indirects et induits,
dont 42 401 emplois salariés privés,
5,4 % d'emplois en plus créés entre 2022 et 2023.
L'urbanisme transitoire au service du développement local
Installer et accompagner des activités dans des friches industrielles en attendant leur réhabilitation définitive pour dynamiser les quartiers en transition, c'est le pari de l'urbanisme transitoire tel qu'il est mis en œuvre par Euroméditerranée.
À la sortie du métro Capitaine Gèze (15e) se trouve le Fronton, la maison des projets d’Euroméditerranée, dernier exemple d’urbanisme transitoire inauguré début avril. Ce bâtiment patrimonial au passé industriel abrite un café solidaire et un espace de coworking. Elle est dédiée au devenir du secteur d’Euromed II. La convention d’occupation du bâtiment court jusqu’en 2028. Elle s’inscrit dans la démarche d’urbanisme transitoire, baptisée MOVE*, initiée par l’EPAEM en 2018. Elle se caractérise entre autres par des occupations temporaires de sites vacants au fil de la rénovation urbaine.
Faire germer des initiatives
"La destination des bâtiments n’est pas nécessairement connue, tout comme le devenir des structures qui installent et qui sont à différents degrés de maturité de leur projet, indique Claire Cassi, architecte, chargée de l’aménagement transitoire au sein d’Euroméditerranée. MOVE constitue une opportunité de tester et consolider leur modèle économique, de créer de l'emploi, de tisser du lien avec d'autres structures et avec les usagers ou encore de participer au rayonnement de ce territoire."
Plusieurs friches ont ainsi été investies par des projets en lien avec le développement durable, l’économie sociale et solidaire, la culture, le social : une recyclerie culturelle, sportive, un espace artistique, une champignonnière, des entreprises de cyclo-logistique, de compostage, d’insertion et de formation… " En 2018, l’EPAEM faisait figure de précurseur en portant une démarche d’urbanisme transitoire intégrée, structurée et territorialisée", note Claire Cassi. Installé aux Fabriques en 2022, pour une durée de deux ans, le village BTP & Co, développé en partenariat avec la fédération du BTP 13, a assuré un relais d’emplois, en promouvant la formation et les offres dans le bâtiment. Il déploie désormais ses actions à l’échelle du département. Après le coup de pouce de MOVE, les Alchimistes poursuivent dorénavant leur développement en dehors du périmètre d’Euroméditerranée. En 2018, la manufacture collaborative et solidaire Ici Marseille s’implantait pour trois ans dans un ancien entrepôt de 3 500 m2 converti en ateliers, rue de Lyon. Elle y demeure encore, avec 90 artisans aujourd’hui.
* Massalia Open Village Experience

L'inauguration du Fronton en avril dernier. © M.LL
L'inauguration du Fronton en avril dernier. © M.LL
Move en chiffres
15 structures économiques
79 emplois directs créées
322 emplois indirects.
L'essor du tourisme, signe d'une attractivité retrouvée
Shopping, gastronomie, musées et centres d'art, architecture… Au cœur du projet de renouvellement urbain Euroméditerranée, la Joliette attire aussi bien des touristes de tous horizons que des Marseillais, curieux des métamorphoses de leur ville.
Entre la Major, le Mucem et le fort Saint-Jean, le FRAC, les Docks et les Terrasses du Port, la Joliette est devenue un quartier incontournable pour les touristes. Groupes agglutinés derrière leur guide ou plus discrets, mais trop légèrement vêtus pour le mistral d’une journée ensoleillée d’avril, on les reconnaît de loin sur l’esplanade Jean-Paul II, qui résonne de conversations en anglais, espagnol, italien, allemand… "Ici, la vue est à couper le souffle. Le contraste avec les quartiers derrière le Vieux-Port est saisissant", lâche un père de famille, venu de Suisse découvrir la ville le temps d’un long week-end.
Il y a 30 ans, le lancement d’Euroméditerranée devait changer l’image de Marseille, restaurer son attractivité pour lui permettre de rayonner au-delà des frontières hexagonales. Côté tourisme, c’est réussi. Au cours de la précédente décennie, Marseille a su se hisser au rang des destinations incontournables à l’international. Cette année encore, elle s’inscrit comme le seul site touristique français classé dans le top 25 du Condé Nast Traveler, un magazine américain spécialisé dans le voyage. Et la ville figurait déjà parmi les 50 lieux les plus beaux du monde, sélectionnés par le Time Magazine, en 2022.

" Comprendre l'évolution de ces quartiers "
En s’enfonçant dans la zone de l’opération d’intérêt national, la foule s’éclaircit. De fait, le petit groupe massé devant le jardin Ruffi attire l’attention. Jordan, de la Compagnie des rêves urbains, les guide à travers le parc habité d’Arenc. "Nous proposons chaque mois un atelier de découverte urbaine à destination du grand public, pour le compte de l’EPAEM", explique-t-il. "J’ai besoin de comprendre l’évolution de ces quartiers, les raisons qui motivent les travaux, les réhabilitations", confie cette habitante de Saint-Barnabé. Les conversations roulent sur l’avant et l’après, lors de cette traversée du Parc Habité d’Arenc.

Une des quatre cours intérieures des Docks Village © Charlène Dizac
Une des quatre cours intérieures des Docks Village © Charlène Dizac
© Charlène Dizac
© Charlène Dizac
© Charlène Dizac
© Charlène Dizac
Une destination d'affaires
En 2023, la Métropole Aix- Marseille- Provence a maintenu sa position comme 3e destination française au classement ICCA (International Congress and Convention Association). Cette association organise tous les ans un classement mondial des villes de congrès internationaux. En 2012, Marseille a accueilli 331 événements. L’effet Capitale européenne de la Culture, en 2013, a permis de monter à 457 événements. Le record a été battu en 2022 avec 1 150 événements qui, selon les estimations, devraient être dépassés en 2024. En 2023, sur les 1 131 manifestations, 303 (27 %) sont des congrès, congrès expo, assemblées générales, forums… et 828 (73 %) des séminaires, conventions, incentives ou encore lancements de produits.
© Charlène Dizac
© Charlène Dizac
© Charlène Dizac
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