François Zola, le précurseur méconnu du barrage-voûte

HISTOIRE / Mort à Marseille en 1847, le père de l’écrivain Emile Zola a construit un barrage et un canal qui ont longtemps alimenté en eau la région d’Aix-en-Provence

Construit au Tholonet, le barrage Zola fut terminé après la mort de son concepteur / Photo Serge Mercier

Construit au Tholonet, le barrage Zola fut terminé après la mort de son concepteur / Photo Serge Mercier

Construit au Tholonet, le barrage Zola fut terminé après la mort de son concepteur / Photo Serge Mercier

Difficile d’exister dans l’ombre d’un géant tel que l’écrivain Emile Zola. Y compris pour son père, François Zola, mort en 1847 alors que l’auteur de Germinal, de J’accuse… ! ou encore des Rougon-Macquart n’était encore qu’un enfant âgé de 7 ans. Officier des troupes du Royaume d’Italie durant les guerres napoléoniennes, géomètre, ingénieur pionnier des chemins de fer, sa vie fut pourtant extraordinaire et il a marqué notre région en construisant près d’Aix-en-Provence le premier barrage-voûte d’Europe, destiné à sécuriser l’alimentation en eau potable.

François Zola était né à Venise en 1796 /  Österreichische Nationalbibliothek

François Zola était né à Venise en 1796 / Österreichische Nationalbibliothek

François Zola était né à Venise en 1796 / Österreichische Nationalbibliothek

Troupes du Royaume d’Italie, commandées par le vice-roi Eugène de Beauharnais / Collection Europeana

Troupes du Royaume d’Italie, commandées par le vice-roi Eugène de Beauharnais / Collection Europeana

Troupes du Royaume d’Italie, commandées par le vice-roi Eugène de Beauharnais / Collection Europeana

Né à Venise le 7 août 1796, François Zola était le fils d’un ancien élève du collège militaire de Vérone jusqu’en 1771, devenu capitaine du génie puis inspecteur général des bâtiments publics de Venise. Sa mère était une jeune fille grecque de Corfou. Entré à l’École militaire royale de Pavie à 14 ans, François servira jusqu’à la chute du Premier Empire dans les troupes du Royaume d’Italie, commandées par le vice-roi Eugène de Beauharnais. Il intègre ensuite un régiment de l’armée autrichienne du royaume lombardo-vénitien et obtient un diplôme en ingénierie et un doctorat en mathématiques. Brillant, François Zola écrit un Traité sur le Nivellement et est admis à l’Académie de Padoue.

En 1821, il quitte l’armée et est recruté en Autriche par Franz Josef von Gerstner. À ce titre, il supervise la construction du chemin de fer Linz-Budweis, une des premières ligne de chemin de fer sur le continent européen. En 1830, il se rend en Hollande, puis en Grande-Bretagne, avant de s’installer en France. Là, il s’engage comme lieutenant dans la Légion étrangère, est envoyé en Algérie mais démissionne rapidement. Il débarque alors à Marseille en 1833, bien décidé à faire carrière comme ingénieur de travaux publics. En 1839, il épouse à Paris Émilie Aubert, la fille d’un vitrier. Le 2 avril 1840 naît à Marseille leur unique enfant, Émile.

Emile Zola en 1846, à l’âge de 6 ans / Collection Europeana

Emile Zola en 1846, à l’âge de 6 ans / Collection Europeana

Emile Zola en 1846, à l’âge de 6 ans / Collection Europeana

En février 1847, les travaux commencent. François Zola meurt avant la fin du chantier / Collection Europeana

En février 1847, les travaux commencent. François Zola meurt avant la fin du chantier / Collection Europeana

En février 1847, les travaux commencent. François Zola meurt avant la fin du chantier / Collection Europeana


Le XIXsiècle, c’est celui des pandémies de choléra. La Provence est touchée en 1832 et 1835, ce qui nourrira les pages impétueuses du Hussard sur le toit de Jean Giono. La municipalité d’Aix-en-Provence décide alors de s’attaquer au problème de l’alimentation en eau potable de la ville et lance un appel à projets, le 25 février 1837. Au terme de nombreuses complications administratives, le projet de François Zola avec deux barrages et un canal est adopté en 1843 et des ordonnances royales sont signées en 1844 et 1846. En février 1847, les travaux commencent. Hélas, François Zola attrape une pneumonie et meurt soudainement.

"Terminé par Achille Durup de Baleine, ce que l’on appelle aujourd’hui le barrage Zola est le tout premier barrage-voûte de l’ère industrielle, peut-on lire dans Les Barrages de Jean Bellier publié en 1982. À ce titre, il constitue une innovation technique de premier ordre dans le domaine des ouvrages hydrauliques. En France, il a fallu attendre la première moitié du XXe siècle pour que la technique de la voûte soit reprise et développée, en utilisant le béton (barrage de la Bromme en 1932)". Pour fêter l’arrivée de l’eau, la Ville d'Aix-en-Provence construira la grande fontaine de la Rotonde, inaugurée le 4 novembre 1860. Avec la mise en service du Canal de Provence dans les années 1960, le canal Zola sera abandonné alors que le barrage est toujours entretenu. Il est aujourd'hui le paradis des randonneurs.

La grande fontaine de la Rotonde, édifiée pour fêter l'arrivée de l'eau / Library of Congress

La grande fontaine de la Rotonde, édifiée pour fêter l'arrivée de l'eau / Library of Congress

La grande fontaine de la Rotonde, édifiée pour fêter l'arrivée de l'eau / Library of Congress

"Le barrage Zola", tableau de Paul Cezanne / Musée National du Pays de Galles

"Le barrage Zola", tableau de Paul Cezanne / Musée National du Pays de Galles

"Le barrage Zola", tableau de Paul Cezanne / Musée National du Pays de Galles