Franky Zapata
défie la technologie
dans les airs

L’inventeur du Flyboard Air travaille sur sa voiture volante près de l’étang de Berre

C’est le rêve ultime. Voler. Lui, l’a fait. Aujourd’hui, Franky Zapata met tout en œuvre pour permettre aux gens comme vous et moi de caresser ce rêve.
C’est, désormais dans les locaux, en cours de construction, situés en bordure de l’étang de Berre à Châteauneuf-les-Martigues, qu’il œuvre avec son équipe pour faire de ce rêve une réalité pour tous. À la faveur d’un déplacement de campagne du député sortant, Eric Diard, dans la course aux législatives des 12 et 19 juin prochains, nous avons rencontré "l’homme volant".

C’est son épouse, Chrystel, qui a joué les guides, accompagné de son papa, Eric Charron (par ailleurs, ancien athlète de haut niveau spécialiste du 800 m). Ce qui frappe, d’emblée, lorsque l’on découvre les lieux, c’est leur vitesse de transformation puisque le chantier a commencé en septembre dernier. Deux bâtiments se dressent déjà et le 3e, un immense hangar, devrait être terminé d’ici la fin du mois d’août. C’est que l’entreprise, Zapata Racing, était un peu à l’étroit dans ses locaux du Rove et surtout bien trop éloignée des zones d’entraînements de Franky. Une expérience, malheureuse, vécue à Sausset-les-Pins, avec des riverains qui ne goûtaient que très moyennement ses sorties depuis la corniche, avait fini de le convaincre de trouver un autre "terrain de jeu", si professionnel soit-il.

L’amitié qui lie Eric Diard et Franky Zapata remonte à quelques années. Elle s’est définitivement nouée lorsque celui qui était alors maire de Sausset-les-Pins, a permis à Zapata de véritablement devenir, aux yeux de tous, "l’homme volant". Ce 30 avril 2016, il lui avait permis de décoller du port de Sausset pour un aller-retour à Carry-le-Rouet avec, à la clé, un record mondial battu pour Franky Zapata qui avait parcouru 2 252 mètres à une altitude moyenne de 15 mètres au-dessus de l’eau. De ce jour, ce que beaucoup imaginaient être une "fake news" leur a claqué au visage. Franky Zapata était bien capable de voler sur son flyboard air.

"Ici c’est top !"
"Franky avait repéré des terrains sur Châteauneuf, rembobine Eric Diard. Je l’ai mis en rapport avec le premier adjoint, Jean-Baptiste Saglietti, et ils sont tombés d’accord sur ce terrain désaffecté." Un endroit de deux hectares pour laisser libre cours à la folie d’entreprendre de toute une équipe. Un bâtiment de 350m² (soit autant que les locaux du Rove) est dédié aux services administratifs. Les chaises sont encore sous papier bulle. Une salle de réunion, divers bureaux, un bureau d’études occupé par celles et ceux qui dessinent les pièces, tracent les plans, une salle abritant le simulateur de vols : "C’est ici que toutes les pièces sont testées", explique Chrystel Zapata. Une équipe de 22 personnes entoure le couple dans ces lieux conçus pour ressembler à ceux qu’abrite la Silicon Valley. "Franky veut aussi y installer un mur d’escalade, un terrain de beach volley et une salle de sport." L’ergonomie au travail c’est essentiel. "Je ne pensais pas qu’on serait si nombreux si vite", confie Chrystel. Le grand hangar sera, lui, destiné à la production, "afin d’être 100 % autonome", assure Franky. Et, juste à côté, se trouve l’atelier, qui comporte même un banc d’essai pour l’assemblage de toutes les pièces. Il y a également une tour de contrôle, pour ne rien perdre des vols de Franky dont toutes les données sont enregistrées. Dans la grande salle de cet atelier, œuvrent ses contrôleurs de vols, en charge de la programmation et de la sécurité. C’est aussi la partie recherche et développement.

Un marché qui nous échappe ?
C’est là qu’a été conçu le Jet Racer, la voiture volante ultra-secrète sur laquelle travaille la team Zapata. "Elle va sortir ces prochains jours et sera opérationnelle pour les États-Unis d’ici novembre/décembre." Oui, vous avez bien lu : aux USA. Les lourdeurs administratives françaises couplées à un principe de prudence appuyée ont eu raison de la volonté du Marseillais de voir sa voiture volante profiter d’abord aux Français. La première présentation publique se fera donc sur le circuit de Spa Francorchamps, en Belgique, fin août et pas du côté d’Eyguières puis du Castellet, comme imaginé. "On n’arrive pas à faire un truc à la française, mais une vidéo sera mise en ligne avant ce grand rendez-vous", promet Zapata. C’est que l’homme volant, également homme d’affaire, veut "imaginer enfin une vision commerciale de nos produits." Mais l’avoue : "Sans Eric Diard, nous ne serions déjà plus en France puisque, notre marché ce sont les USA et c’est bien dommage." Ce sont effectivement les Américains, qui, les premiers, profiteront de la voiture volante. Si le maire de Sausset avait écouté ses craintes en 2016….

Après deux heures de formation, les clients outre Atlantique seront en effet capable de voler, installés dans cette voiture du futur, équipée d’un ordinateur copilote, pour un moment de loisir. Franky Zapata se démène pourtant pour obtenir les autorisations mais le temps administratif français ne colle pas avec le sien. "Au ministère des transports, on me dit que tout serait possible d’ici 3 ou 4 ans, si encore, les délais étaient tenus, mais je ne sens pas de véritable volonté, plutôt des réticences." C’est que son temps à lui file aussi vite que lorsqu’il dompte sa planche. Il ambitionne de produire 1000 voitures dans le courant de l’année prochaine et de voir ce chiffre grimper de façon exponentielle.

Alors question : combien de temps sera-t-il possible, financièrement et de façon efficiente de maintenir une production sur le sol français, à Châteauneuf, et destinée exclusivement au marché américain ? Sa technologie aussi file à vive allure puisque l’équipe de Zapata travaille activement depuis un an à un modèle hybride de sa voiture : elle consomme 8 l/100 de biocarburant et comme elle ne vole qu’en ligne droite, le calcul énergétique est vite fait !

Va-t-on réellement attendre que les Américains "testent" et s’enorgueillissent du Jet Racer pour regretter de ne pas avoir permis à l’équipe française qui l’aura conçu et produit, de la développer sur le sol français ?