Jim Morrison emporté par l’héroïne de la French Connection ?

Jim Morrison, photo retenue pour la pochette d’« An American Prayer » / Elektra

Jim Morrison, photo retenue pour la pochette d’« An American Prayer » / Elektra

Jim Morrison, photo retenue pour la pochette d’« An American Prayer » / Elektra

Le chanteur des Doors est mort à Paris voici tout juste 50 ans, dans la nuit du 3 juillet 1971. Contrairement à la version officielle qui parle de crise cardiaque, il aurait succombé à cause du savoir-faire de trafiquants de drogue marseillais. Retour sur une des plus vives polémiques de l’histoire du rock’n’roll.

Le 29 août 1970 au Festival de Wight, un an avant sa mort / Photo Philippe Gras - Le Pictorium - MaxPPP

Le 29 août 1970 au Festival de Wight, un an avant sa mort / Photo Philippe Gras - Le Pictorium - MaxPPP

Le 29 août 1970 au Festival de Wight, un an avant sa mort / Photo Philippe Gras - Le Pictorium - MaxPPP

La dernière nuit de son existence, Jim Morrison est allé voir un film, s’est senti mal et a succombé à une crise cardiaque à Paris. Telle est l’histoire officielle depuis 50 ans. C’est en tout cas la version attestée par un certificat médical et donnée à la police par Pamela Courson, la fiancée du chanteur des Doors. Elle a affirmé que Jim s’est réveillé dans la nuit et a pris un bain chaud. Elle l’aurait retrouvé plus tard, mort. Cinq décennies après le 3 juillet 1971, le mystère demeure, alimentant une des plus vives polémiques de l’histoire du rock’n’roll. Car en fait, il semble que quelques mois après la sortie de l’album « L.A. Woman », Morrison ait succombé à une overdose d’héroïne. Une drogue très peu coupée, fournie par des dealers venus de Marseille.

The Doors à l’époque de l’album « L.A. Woman » / Elektra

The Doors à l’époque de l’album « L.A. Woman » / Elektra

The Doors à l’époque de l’album « L.A. Woman » / Elektra

En 1971, Sam Bernett s'occupait du Rock'n'Roll Circus / L'Archipel.

En 1971, Sam Bernett s'occupait du Rock'n'Roll Circus / L'Archipel.

En 1971, Sam Bernett s'occupait du Rock'n'Roll Circus / L'Archipel.

Auteur de nombreux livres sur la musique, François Jouffa jure que tout Paris était au courant lors l’annonce du décès du chanteur : « Tout le monde, le jour de sa mort, disait que Jim Morrison était mort durant la nuit dans les toilettes pour hommes du Rock’n’Roll Circus, une boîte de nuit où il aimait traîner ». Ce qui n’était qu’une rumeur a toutefois pris corps récemment, suite à un passionnant documentaire de Michaëlle Gagnet (« Les Derniers jours de Jim Morrison ») et à un livre de Sam Bernett, l’ancien gérant de la boîte de nuit parisienne. Tous deux apportaient un éclairage inédit sur la nuit du 3 juillet 1971, avec de nombreux témoignages.

« L’entourage de Jim Morrison, ses amis proches et sa fiancée Pamela Courson avaient décidé d’une version dans laquelle il n’était pas question de drogue, d’alcool ou d’overdose, explique Bernett. Je n’allais pas polémiquer par respect pour sa famille et son entourage ». Il a décidé d’écrire le livre pour que la vérité soit enfin connue : « Je n’ai fait que mettre noir sur blanc ce que des tas de gens savent. Je raconte des faits », souligne Bernett, qui a travaillé par le passé comme journaliste pour le New York Times. Dans son livre intitulé très simplement « Jim Morrison » (Éditions du Rocher), Bernett raconte que la nuit de sa mort, Morrison est venu dans son club. Il lui a servi de la vodka. Puis, le rocker a été rejoint par deux hommes qui lui ont vendu de l’héroïne. À un moment de la soirée, Bernett s’est rendu compte que le chanteur n’était plus là. Alerté par une employée, un videur a enfoncé la porte de l’une des toilettes qui était fermée et a découvert Morrison effondré sur le siège.

Pamela Courson, la fiancée du chanteur des Doors / La Provence

Pamela Courson, la fiancée du chanteur des Doors / La Provence

Pamela Courson, la fiancée du chanteur des Doors / La Provence

En 2008, le dernier carnet de notes de Jim Morrison a été vendu aux enchères / Photoshot MaxPPP

En 2008, le dernier carnet de notes de Jim Morrison a été vendu aux enchères / Photoshot MaxPPP

En 2008, le dernier carnet de notes de Jim Morrison a été vendu aux enchères / Photoshot MaxPPP

« Le flamboyant chanteur des Doors, le beau gosse californien est devenu une masse inerte effondrée dans les chiottes d’une boîte de nuit, écrit Bernett. Son visage est gris, les yeux fermés, il y a du sang sous son nez, et une bave blanchâtre comme de l’écume autour de la bouche légèrement ouverte et dans la barbe. Jim ne respire pas. Un médecin n’est pas dupe et parle d’overdose mortelle ». Bernett n’a pas vu Morrison prendre de l’héroïne cette nuit-là mais selon lui, les gens savaient qu’il préférait sniffer cette drogue parce qu’il avait peur des aiguilles. Il assure que les deux dealers ont prétendu qu’il était seulement inconscient et l’ont emporté hors du club. Il pense que Morrison a été ramené à son appartement et qu’on l’a plongé dans un bain pour tenter de le réanimer. Bernett affirme qu’il a voulu appeler les secours au club mais son patron, qui craignait un scandale, lui a demandé de ne pas s’en mêler : « Je m’y suis opposé violemment mais à l’époque j’avais 26 ans, je n’étais pas le patron ».

Dans le documentaire de Michaëlle Gagnet, on apprend que la drogue aurait été récupérée à Marseille par les deux dealers. Une héroïne d’une qualité exceptionnelle, ce qui pourrait expliquer l’overdose. « À l’époque, Marseille était ce qui se faisait de mieux pour la blanche, un véritable label international, confirme Thierry Colombié, auteur de plusieurs ouvrages sur le grand banditisme marseillais. La French Connection, ce n’est pas qu’un film de cinéma : les chimistes de la cité phocéenne étaient vraiment les meilleurs ». Le témoignage d’un chanteur marseillais, installé à l’époque à Paris, va dans le même sens : « Quand une livraison en provenance du Vieux-Port était annoncée, toute la capitale était dans les starting-blocks. Morrison étant dans ce trip de dope, lui comme les autres ! ».

Joseph Mari, Jean-Baptiste Croce et Joseph Marro : les chefs de la « Corsican connection », une branche de la « French » / La Provence

Joseph Mari, Jean-Baptiste Croce et Joseph Marro : les chefs de la « Corsican connection », une branche de la « French » / La Provence

Joseph Mari, Jean-Baptiste Croce et Joseph Marro : les chefs de la « Corsican connection », une branche de la « French » / La Provence

Saisie d'une cargaison en provenance de Turquie et traitée à Marseille / La Provence

Saisie d'une cargaison en provenance de Turquie et traitée à Marseille / La Provence

Saisie d'une cargaison en provenance de Turquie et traitée à Marseille / La Provence

Saisie de drogue à New York, issue des réseaux marseillais / La Provence

Saisie de drogue à New York, issue des réseaux marseillais / La Provence

Saisie de drogue à New York, issue des réseaux marseillais / La Provence

Laboratoire clandestin démantelé à Aubagne / La Provence

Laboratoire clandestin démantelé à Aubagne / La Provence

Laboratoire clandestin démantelé à Aubagne / La Provence

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Joseph Mari, Jean-Baptiste Croce et Joseph Marro : les chefs de la « Corsican connection », une branche de la « French » / La Provence

Joseph Mari, Jean-Baptiste Croce et Joseph Marro : les chefs de la « Corsican connection », une branche de la « French » / La Provence

Joseph Mari, Jean-Baptiste Croce et Joseph Marro : les chefs de la « Corsican connection », une branche de la « French » / La Provence

Saisie d'une cargaison en provenance de Turquie et traitée à Marseille / La Provence

Saisie d'une cargaison en provenance de Turquie et traitée à Marseille / La Provence

Saisie d'une cargaison en provenance de Turquie et traitée à Marseille / La Provence

Saisie de drogue à New York, issue des réseaux marseillais / La Provence

Saisie de drogue à New York, issue des réseaux marseillais / La Provence

Saisie de drogue à New York, issue des réseaux marseillais / La Provence

Laboratoire clandestin démantelé à Aubagne / La Provence

Laboratoire clandestin démantelé à Aubagne / La Provence

Laboratoire clandestin démantelé à Aubagne / La Provence

Autre révélation du documentaire, la mise en scène finale aurait été l’œuvre de la cinéaste Agnès Varda et du franco-américain Alain Ronay, deux proches du couple, que la fiancée de Jim a appelé à l’aide : Varda avait rencontré Morrison à Los Angeles et l’avait fait tourner dans « Lions Love (… and Lies) », l’un de ses cinq films californiens, sorti en salles en 1970. Si elle a par la suite toujours refusé de cautionner le scénario de la drogue, Varda a bien fait appel à un médecin de sa connaissance. Lequel aurait accepté d'établir un certificat masquant la vérité...

Agnès Varda avait rencontré Morrison à Los Angeles / La Provence

Agnès Varda avait rencontré Morrison à Los Angeles / La Provence

Agnès Varda avait rencontré Morrison à Los Angeles / La Provence

Marianne Faithfull lors d'un concert à Marseille / Photo Frédéric Speich - La Provence

Marianne Faithfull lors d'un concert à Marseille / Photo Frédéric Speich - La Provence

Marianne Faithfull lors d'un concert à Marseille / Photo Frédéric Speich - La Provence

Face à ces nouveaux témoignages, les tenants de la version officielle peuvent-ils faire marche arrière, même si le guitariste des Doors lui-même donne aujourd’hui crédit au récit de Bernett (voir ci-dessous) ? Problème, si Jim a été inhumé le 7 juillet 1971 au cimetière du Père Lachaise, il n’y a pas eu d’autopsie. Quant à Pamela Courson, elle est morte d’une overdose en 1974. Reste qu’un autre témoin privilégié confirme désormais la piste marseillaise : la chanteuse Marianne Faithfull, à l’époque petite amie de Jean de Breteuil. Dealer mondain, c’est lui aurait fourni la drogue fatale : « Ce pauvre salopard est allé voir Jim Morrison et la dose était trop forte. Il l’a tué… ». Dès le lendemain, Breteuil et Faithfull s'envoleront pour le Maroc, où réside la mère du jeune homme. Vraisemblablement pour éviter d'attirer la curiosité des autorités...

50 ans après, le guitariste des Doors lève le voile

Robbie Krieger est un des trois survivants des Doors. Interviewé par Christian Eudeline, il vient de livrer sa part de vérité, qui conforte la version de l’overdose dans les toilettes du Rock’n’Roll Circus ».

Que pouvez-vous dire à propos de ce 3 juillet 1971 ?

« J’étais chez moi dans ma maison à Malibu, en Californie et j’ai eu un appel de notre manager Bill Siddons, il venait d’apprendre que Jim était mort. Sur le moment, j’étais incapable de le croire, parce que nous avions déjà souvent entendu cette histoire.

Ce n’était pas la première fois qu’on vous l’annonçait ?

Non, les gens ne cessaient de dire des choses complètement folles à propos de Jim. D'autant que par exemple, je ne sais plus combien de fois il avait sauté par la fenêtre… Bill Siddons a pris le premier vol pour Paris, car là, il semblait de source sûre que quelque chose de grave était arrivé.

Que vous a-t-il dit sur les circonstances de la mort de Jim ?

Que Jim était mort dans une boite d’une overdose, que quelqu’un lui avait donné de l’héroïne, qu’il était bourré et qu’il avait abusé ne se rendant pas bien compte de la dose qu’il s‘injectait. Qu’ensuite, on l’avait transporté à son hôtel, qu’on l’avait mis dans un bain pour essayer de le ranimer… C’est l’histoire que Bill m’a racontée il y a cinquante ans. Je pense sincèrement, aujourd’hui avec le recul, que cette histoire est très proche de ce qu’il s’est passé à l’époque, mais cela n’a été rendu public si je puis dire que très tardivement ».

Jim Morrison et Robbie Krieger / La Provence

Jim Morrison et Robbie Krieger / La Provence

Jim Morrison et Robbie Krieger / La Provence

Robbie Krieger lors d'un concert à Bilbao en 2008 / Miguel Tona - EPA - MaxPPP

Robbie Krieger lors d'un concert à Bilbao en 2008 / Miguel Tona - EPA - MaxPPP

Robbie Krieger lors d'un concert à Bilbao en 2008 / Miguel Tona - EPA - MaxPPP

Août 1968, Jim Morrison backstage au the Singer's Bowl / KPA - Zuma Press - MaxPPP

Août 1968, Jim Morrison backstage au the Singer's Bowl / KPA - Zuma Press - MaxPPP

Août 1968, Jim Morrison backstage au the Singer's Bowl / KPA - Zuma Press - MaxPPP

Sur scène / Photo Manfred Rehm - Picture Alliance - MaxPPP

Sur scène / Photo Manfred Rehm - Picture Alliance - MaxPPP

Sur scène / Photo Manfred Rehm - Picture Alliance - MaxPPP

Photo d'identité judiciaire prise le 20 septembre 1970 / Dade County Public Safety Department

Photo d'identité judiciaire prise le 20 septembre 1970 / Dade County Public Safety Department

Photo d'identité judiciaire prise le 20 septembre 1970 / Dade County Public Safety Department

The Doors : Ray Manzarek, Jim Morrison, John Densmore et Robbie Krieger / Zuma Press - MaxPPP

The Doors : Ray Manzarek, Jim Morrison, John Densmore et Robbie Krieger / Zuma Press - MaxPPP

The Doors : Ray Manzarek, Jim Morrison, John Densmore et Robbie Krieger / Zuma Press - MaxPPP

Affiche pour un concert dans le Connecticut / La Provence

Affiche pour un concert dans le Connecticut / La Provence

Affiche pour un concert dans le Connecticut / La Provence

La tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise / Photo Michel Houet - Belpress - MaxPPP

La tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise / Photo Michel Houet - Belpress - MaxPPP

La tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise / Photo Michel Houet - Belpress - MaxPPP

Affiche pour un concert en 1968 à la Cobo Arena de Detroit / La Provence

Affiche pour un concert en 1968 à la Cobo Arena de Detroit / La Provence

Affiche pour un concert en 1968 à la Cobo Arena de Detroit / La Provence

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Août 1968, Jim Morrison backstage au the Singer's Bowl / KPA - Zuma Press - MaxPPP

Août 1968, Jim Morrison backstage au the Singer's Bowl / KPA - Zuma Press - MaxPPP

Août 1968, Jim Morrison backstage au the Singer's Bowl / KPA - Zuma Press - MaxPPP

Sur scène / Photo Manfred Rehm - Picture Alliance - MaxPPP

Sur scène / Photo Manfred Rehm - Picture Alliance - MaxPPP

Sur scène / Photo Manfred Rehm - Picture Alliance - MaxPPP

Photo d'identité judiciaire prise le 20 septembre 1970 / Dade County Public Safety Department

Photo d'identité judiciaire prise le 20 septembre 1970 / Dade County Public Safety Department

Photo d'identité judiciaire prise le 20 septembre 1970 / Dade County Public Safety Department

The Doors : Ray Manzarek, Jim Morrison, John Densmore et Robbie Krieger / Zuma Press - MaxPPP

The Doors : Ray Manzarek, Jim Morrison, John Densmore et Robbie Krieger / Zuma Press - MaxPPP

The Doors : Ray Manzarek, Jim Morrison, John Densmore et Robbie Krieger / Zuma Press - MaxPPP

Affiche pour un concert dans le Connecticut / La Provence

Affiche pour un concert dans le Connecticut / La Provence

Affiche pour un concert dans le Connecticut / La Provence

La tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise / Photo Michel Houet - Belpress - MaxPPP

La tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise / Photo Michel Houet - Belpress - MaxPPP

La tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise / Photo Michel Houet - Belpress - MaxPPP

Affiche pour un concert en 1968 à la Cobo Arena de Detroit / La Provence

Affiche pour un concert en 1968 à la Cobo Arena de Detroit / La Provence

Affiche pour un concert en 1968 à la Cobo Arena de Detroit / La Provence