L'E-SPORT PASSE AU NIVEAU SUPÉRIEUR


Désormais vu comme un vecteur social et un enjeu économique, le jeu vidéo se développe grâce à des acteurs privés et à une volonté politique de plus en plus marquée

Cet été, le 6Mic d'Aix-en-Provence accueillait le LFL Trésor Day, une compétition sur le jeu League of Legends. (Photo Gilles Bader)

Cet été, le 6Mic d'Aix-en-Provence accueillait le LFL Trésor Day, une compétition sur le jeu League of Legends. (Photo Gilles Bader)

Un phénomène encore difficile à saisir

L' image du jeu vidéo uniquement pratiqué par des adolescents dans leur chambre, seuls, les yeux rivés sur leur écran, est révolue. Désormais le gaming est un véritable phénomène de société, accentué notamment par la crise du Covid et le confinement qu'elle a imposé. Le jeu vidéo pointé du doigt par l'OMS l'accusant d'être "addictif" et "trop violent" certaines fois, est devenu, au début de la pandémie, le moyen de "conserver un lien social". Dans cet engouement général, certains ont découvert que la pratique du jeu vidéo pouvait être professionnelle et que des gamers sont de véritables stars pour les plus jeunes. En d'autres termes, ils ont découvert l'e-sport. Avec une audience en hausse de 84 % en 2020 par rapport à 2019, Twitch - plateforme vidéo propriété d'Amazon sur laquelle les joueurs du monde entier et les organisateurs de compétitions mondiales diffusent leurs parties en direct - est devenu un média incontournable qui démontre la démocratisation de cette pratique dont le cadre légal reste pourtant à définir.

C'est quoi l'e-sport ?

Pour Sébastien Lévêque, directeur de projets à l'école XP School à Marseille, l'e-sport "c'est la pratique de manière compétitive d'un jeu vidéo avec a minima une personne". Une définition partagée par "France esport", l'association qui tente de jouer le rôle d'une fédération à l'instar de la FFF pour le football. Mais si l'e-sport semble avoir des difficultés pour trouver son statut légal, l'idée même d'une "Fédération française de l'e-sport" fait aussi débat pour la simple et bonne raison qu'aujourd'hui, elle est composée et dirigée par les éditeurs de jeux vidéo eux-mêmes.

"C'est comme si dans la fédé de foot, les différents équipementiers avaient les commandes", grince Nouredine Azzouk, chef de projet"Le grand numérique" à l'Assemblée nationale. Celui-ci donne une définition plus large : "L'e-sport, ce n'est pas que du jeu vidéo, c'est un secteur économique avec des métiers créés et des placements marketing."

Ce Marseillais de naissance opère depuis quelque temps maintenant au Palais Bourbon pour définir le cadre juridique de l'e-sport. "La thématique de l'e-sport est essentielle. Nous réalisons des auditions avec les différents acteurs de ce domaine et du jeu vidéo afin de pouvoir réaliser un écosystème propre à l'e-sport pour reconnaître l'activité comme une structuration économique globale. Il faut créer la nomenclature juridique pour ces nouveaux métiers, martèle Nouredine Azzouk. Et ça, c'est au législateur de le faire. L'e-sport a du mal à se développer à cause des flous et des vides juridiques présents aujourd'hui."

C'est du sport ?

Un flou qui porte aussi sur l'essence même du phénomène. "Ce qui est un peu compliqué pour nous aujourd'hui, c'est que le nom englobe le sport avec une mécanique de compétitions calquée sur le sport mais c'est à des années-lumière du sport", relève Hervé Liberman, président de la commission Sport au Conseil régional. Selon lui, "il y a un travail à faire sur les éditeurs de jeux qui ont un modèle économique très florissant et qui exploitent les autres acteurs". Car les éditeurs possèdent les droits d'exploitation sur leurs oeuvres et peuvent refuser que certains jeux fassent l'objet d'une compétition qui ne soit pas sous leur égide. Un obstacle qui n'est toutefois pas insurmontable, assure l'élu qui travaille aussi sur l'organisation des JO 2024. "Il y a déjà des animations durant les JO dans des villages tenus par Intel qui est partenaire officiel. Je pense qu'en 2024, il y aura de toute façon une extension des propositions et un jeu comme Virtual Regatta pourra par exemple avoir une extension qui fera qu'on pourra participer en simultané sur la même course de voile que les participants des JO."

Marseille, capitale du e-sport ?

Malgré cette absence de cadre, l'e-sport grandit partout en France. En Provence, il est impulsé par des acteurs privés comme les équipes MCES, Izidream, ou 13Utopik, mais aussi de plus en plus par les collectivités publiques. Lors de son discours d'investiture à la tête de la Région, Renaud Muselier avait annoncé vouloir lancer une "filière e-sport". La municipalité de Manosque hébergera son premier événement en novembre et la mairie de Marseille dévoile un projet ambitieux pour 2022. "Ce n'est pas suffisant. Chaque région a son événement e-sportif. C'est essentiel pour toucher le grand public. Or, on constate que partout en France après cette crise du Covid, ça redémarre. Sauf ici", regrette Sébastien Lévêque. "On est encore précautionneux de nos soutiens parce qu'on pourrait accoler notre nom et faire de la notoriété, mais on considère que ce n'est pas notre rôle d'en rester là", confesse Hervé Liberman. Mais pour Nouredine Azzouk, la relance doit être associée à une "vraie volonté politique". Et pour lui, Marseille a un atout de taille. "Quand on joue à un jeu vidéo, on se doit d'avoir la meilleure connexion pour que les commandes répondent le plus vite possible. Ne pourra donc devenir capitale de l'e-sport qu'une ville qui a un hub de data. Pour l'instant en France, il n'y a que deux possibilités : la Courneuve en Seine-Saint-Denis pour Paris, et Marseille".

La "e-clasico" est lancé...

En 2018, Marseille a accueilli les Dreamhack Masters, l'une des plus grandes compétitions du monde sur le jeu Counter Strike. (Photo David Rossi)
La LFL Trésor Day au 6Mic à Aix. (Photo Gilles Bader)
La CCI du Pays d'Arles organise chaque année la Maximus Cup. (Photo Valérie Farine)

Les événements dans la région attirent régulièrement quelques centaines de joueurs pour des tournois sur divers jeux comme Fifa. (Photo Valérie Farine)

Les événements dans la région attirent régulièrement quelques centaines de joueurs pour des tournois sur divers jeux comme Fifa. (Photo Valérie Farine)

Sébastien Jibrayel. (Photo Antoine Tomaselli)

Sébastien Jibrayel. (Photo Antoine Tomaselli)

"Installer une maison e-sport à Marseille"

Sébastien Jibrayel est adjoint au maire de Marseille en charge du sport et de l'e-sport

Vous êtes adjoint au maire de Marseille en charge du sport et de l'e-sport. Pourquoi avoir voulu ajouter cette mention "e-sport" ?

Car je veux répondre à un besoin. Les professionnels estiment à 100 000 le nombre de joueurs à Marseille et si on regarde les autres grandes métropoles, on s'aperçoit que beaucoup de manifestations y sont consacrées. En tant que deuxième ville de France, notre équipe qui souhaite impulser une nouvelle politique sportive pense que l'e-sport entre pleinement dans nos ambitions.

Quelles sont les ambitions de la Ville dans ce domaine ?

L'objectif serait d'installer une "maison e-sport" à plusieurs étages. Le premier serait une salle gaming où l'on pourrait venir jouer. Le deuxième étage serait un pôle santé, avec des professionnels pour sensibiliser les jeunes sur les abus qu'il peut y avoir, les problèmes financiers qui peuvent être liés et promouvoir des bonnes pratiques. Et le troisième, c'est l'emploi pour orienter les jeunes vers des métiers en plein essor comme ceux du streaming.

On souhaite aussi développer et accompagner des clubs de proximité. Et depuis ma prise de fonction, sur les grands événements, on propose aussi de mettre des stands e-sport parce que je pense que c'est un moyen de promouvoir des sports.

Où en êtes-vous sur ce projet de "maison e-sport" ?

On cherche activement un local municipal pour accueillir cette maison. Nous sommes à la recherche d'un équipement municipal qui sera accompagné de financements de l'Agence nationale du sport (ANS) à laquelle j'ai proposé le projet et qui a donné un avis plutôt favorable pour nous accompagner.

Vous faites beaucoup le lien entre sport et e-sport. Les deux sont liés, selon vous ?

Je pense que par l'e-sport, on peut promouvoir des sports. Mon slogan, c'est "le sport pour tous dans tous les quartiers de Marseille". On cherche à rajouter de la proximité dans les quartiers avec le sport et je me dis que peut-être qu'avec l'e-sport, je peux sortir des enfants de devant leur console pour leur proposer aussi une pratique sportive.

L'e-sport peut être un moyen de créer du lien dans les quartiers prioritaires ?

Je pense, oui, parce qu'il y a énormément d'enfants qui jouent et ils n'ont pas toutes les connaissances sur les clubs qui peuvent se trouver à proximité de leur domicile.

Peut-on espérer un grand événement à Marseille comme peuvent l'être la Lyon e-sport ou l'Occitanie e-sport ?

On est en train d'y travailler. J'espère qu'au second semestre 2022, on pourra organiser un événement d'envergure nationale. Je rencontre beaucoup de professionnels pour travailler avec eux, il faut qu'on tire tous dans le même sens. Le mot d'ordre est clair : Marseille veut être au rendez-vous pour ce nouveau sport. Il y a vraiment une volonté politique. On en a discuté souvent avec le maire. Je pense qu'on est en retard, Marseille aurait dû se pencher sur cette discipline depuis 3-4 ans.

Avez-vous déjà repéré un tissu économique et associatif local sur lequel vous appuyer ?

Bien sûr, j'ai fait une visite de repérage chez MCES à Saint-Marcel pour voir comment ça se passe, quelles sont les attentes... Tous nos projets se font en concertation avec les professionnels.

Photo Gilles Bader

Photo Gilles Bader

Des événements en Provence

La Maximus Cup veut dépasser Arles tandis que des nouveautés se préparent à Manosque et Marseille

C'était une idée un peu folle : celle de créer un événement d'e-sport pour le côté loisir mais aussi pour recruter et découvrir des "talents, des autodidactes du numérique, des profils atypiques propres à cet univers, extrêmement prisés par des entreprises", expose Nicolas Sauvan-Magnet, élu à la CCI du pays d'Arles. En 2017, la Maximus Cup voit alors le jour. Quatre ans plus tard, la compétition d'e-sport est devenue une référence et déborde d'ambition pour 2022. "L'idée est de rendre la Maximus Cup, concentrée sur le nord des Bouches-du-Rhône, comme compétition régionale, même si on attire déjà des joueurs de toute la France voire d'Europe, avec des étapes dans tout Paca qui donneraient lieu ensuite à une grande finale", détaille l'élu de la CCIPA. Une campagne est lancée pour convaincre les collectivités d'adhérer à l'idée et de se regrouper. "Le but est de toucher les élus pour montrer que le jeu vidéo n'est pas forcément quelque chose qui renferme les gens chez eux mais qu'avec des infrastructures, on est capable de créer ou recréer du lien social, explique Nicolas Sauvan-Magnet. Pour schématiser, on voudrait reproduire le format d'Intervilles. Sur trois ou quatre week-ends, c'est proposer un double événement sur deux villes de la région avec un espace grand public du salon et un espace compétition où deux équipes de deux villes différentes de la région s'affrontent". Et en point d'orgue, une grande finale entre les villes gagnantes et la présence d'autres équipes professionnelles du reste de la France.

Marseille et Manosque dans la danse

En décembre, la XP School - qui forme cette année une cinquantaine d'étudiants dans les domaines du design, du marketing et de la communication dans le domaine du jeu vidéo - organise la première édition de la Marseille e-sport.

Manosque de son côté accueille un événement ludique les 27 et 28 novembre avec une grande place consacrée à l'e-sport. "Le maire Camille Galtier veut développer une compétition mais aussi tout un développement social autour en s'équipant notamment d'un module avec l'équipe d'e-sport Izidream", souligne Nouredine Azzouk.

La Maximus Cup a lieu depuis quatre ans à Arles. (Photo Valérie Farine)
À Manosque, un événement consacrera une grande place à l'e-sport fin novembre. (Photo Stéphane Duclet)

9,4 millions de Français se disent intéressés par l'e-sport en 2021, selon le baromètre du secteur.

Une progression de 29% en un an.

Une école sport et e-sport à Marseille

MCES veut "développer une formation à la française"

"Ce n'était pas gagné d'avance parce que quand on est arrivés en 2018, l'e-sport ne nous attendait pas", souffle Romain Sombret, le président et co-fondateur de l'équipe marseillaise MCES, l'une des principales structures françaises avec trois formations professionnelles sur League of Legends et Fortnite. "On n'est pas juste une équipe d'e-sport, mais de plus en plus un outil d'impact social", précise d'emblée le dirigeant dont la société vient de rejoindre les locaux du village éducatif "L'épopée", à Sainte-Marthe (14e arr.).

"De la même façon qu'on a voulu faire du foot ou du basket quand on était jeune, il y a plein d'enfants qui doivent avoir envie d'intégrer un club d'e-sport", estime Romain Sombret. En s'apercevant qu'il n'existait pas de lieu pour accueillir et former les jeunes, il a créé MCES. Le club propose des stages multi-activités qui mélangent jeu vidéo et pratique sportive. Une approche qui permet aussi de rassurer les parents. "Au tout début, on se dit surtout qu'on veut attirer des enfants pour les faire sortir de leur chambre, avoir une passion commune et faire du sport parce que les parents ne mettront jamais leurs enfants dans un stage qui soit 100 % gaming, résume-t-il.Concrètement, on installe des salles avec des PC proches de lieux sportifs. Le matin, les enfants viennent dans une salle MCES pour jouer aux jeux vidéo accompagnés par un coach avec le maillot, l'esprit d'équipe... L'après-midi, ils pratiquent une activité sportive." Le concept a déjà été développé au Décathlon village de Bouc-Bel-Air, mais aussi aux quatre coins de la France avec les Girondins de Bordeaux, le rugbyman Vincent Clerc à Toulouse ou le Paris Université Club.

Un diplôme reconnu par l'État

L'idée de créer des équipes professionnelles est donc venue comme une sorte de vitrine pour le projet. "Aujourd'hui, il faut qu'on trouve notre équilibre. Il nous faut de la performance pour faire rêver les jeunes, donc il faut gagner et montrer qu'on accompagne les pépites vers le plus haut niveau. Et d'un autre côté, il faut montrer toutes les actions qu'on mène sur le terrain avec les mairies, les associations...", confie Romain Sombret. Pour accompagner les stagiaires, "nous avons créé un diplôme reconnu par l'État pour nos coaches qui sont titulaires d'un BPJEPS APT e-sport. C'est un diplôme qui, à l'origine, est axé sur le sport et auquel nous avons rajouté des heures dédiées à l'e-sport", précise-t-il. Pas question donc de proposer des stages de gaming intensif. "On reçoit des parents qui nous disent parfois que le jeu vidéo est une source de conflit à la maison. Je me dis qu'il y a une place pour développer une formation à la française avec une pratique équilibrée et un accompagnement psychologique, mental, physique...", estime-t-il.

Et le modèle s'exporte déjà à l'étranger. MCES a noué des partenariats en Italie et au Maroc, mais aussi, plus récemment, avec le centre Aspire Zone qui forme les athlètes qatariens à Doha. Un succès qui n'est pas pour autant synonyme de bénéfices exorbitants. "Aujourd'hui, on se rapproche du million d'euros en termes de revenus mais on perd encore beaucoup d'argent parce qu'on a des coûts de structure assez forts entre les joueurs, le staff, les managers... On devrait atteindre l'équilibre à l'horizon 2023", prévoit Romain Sombret. Un discours qui tranche avec l'image de machine à cash qui colle parfois à l'e-sport. "On est encore dans un modèle en construction auquel il manque des piliers de revenus. Dans les ligues auxquelles on participe, il n'y a pas de droits de diffusion, le sponsoring est happé par les organisateurs, ce qui fait qu'on est dans une phase où les équipes doivent investir", explique-t-il. Une phase qui n'empêche pas MCES de continuer à se diversifier. "On répond à des appels d'offres en ce moment pour faire entrer l'e-sport dans d'autres sujets, avec pas mal de sujets autour de l'éducation." Avec certainement à la clé de nouveaux projets pour 2022.

MCES est une équipe professionnelle marseillaise qui propose des stages sport et e-sport pour développer une pratique responsable du jeu vidéo. (Photo Antoine Tomaselli)
Dans les stages MCES, les participants pratiquent autant le sport que l'e-sport. La structure entend également intégrer les valeurs du sport dans la pratique de l'e-sport. (Photo Antoine Tomaselli)
Initiation à un e-sport éthique et responsable chez MCES pour Olivia Grégoire, secrétaire d'État chargée de l'économie sociale et solidaire. (Photo Franck Pennant)

Comme les grands événements sportifs, les compétitions de e-sport sont commentées par des "casters" professionnels. Analyses, statistiques, interviews... les shows en ligne se rapprochent de ce que l'on peut voir dans du sport traditionnel à la télé.

Comme les grands événements sportifs, les compétitions de e-sport sont commentées par des "casters" professionnels. Analyses, statistiques, interviews... les shows en ligne se rapprochent de ce que l'on peut voir dans du sport traditionnel à la télé.

Le portrait

Ce Marignanais est un des meilleurs joueurs du monde
sur Counter Strike

Il détient l'un des palmarès les plus étoffés de l'e-sport en France. Depuis cinq ans, Richard "Shox" Papillon, joueur professionnel de l'équipe Vitality sur le jeu Counter Strike, est installé à Marignane. À 29 ans, sa longévité fait de plus en plus office d'exception. "J'ai découvert les jeux vidéo en 1999. Mais c'est quand j'avais 9 ans, deux ans plus tard, et que j'ai vu mon grand-frère jouer à Counter Strike que j'ai senti la flamme qui m'appelait", se souvient-il. À cette époque, ses parents refusent de le laisser jouer à ce jeu où une équipe incarne des terroristes qui doivent installer une bombe et l'autre tente de l'en empêcher. Ils finissent néanmoins par céder devant l'obstination de leur fils. Et Richard est doué. "À 13-14 ans, j'ai commencé à participer à des LAN" (des compétitions où les joueurs se retrouvent pour jouer en réseau, NDLR). Fin 2007, il finit deuxième d'un tournoi à Paris mais ses performances sont remarquées par ses adversaires en finale. "Ils m'ont invité à jouer avec eux. C'était compliqué car j'avais des cours et les entraînements étaient généralement de 21 h à minuit toute la semaine. Moi, je n'avais le droit que de jouer de 21 h à 22 h 30 deux soirs par semaine", s'amuse Richard. L'année suivante, son équipe gagne les plus gros tournois français et Richard commence à participer à des LAN en Europe. "Il fallait que je rattrape des journées de cours parce que les tournois à l'étranger pouvaient durer plusieurs jours", note-t-il.

Les années passent et Shox continue de s'adonner à sa passion. "Le deal avec ma mère c'était qu'à partir du moment où j'aurais bac+2, j'aurais un an pour m'entraîner sur le jeu et voir où ça pourrait m'amener." Fin 2013, un BTS en négociation relation clients en poche, le jeune homme se "donne corps et âme" à sa passion. "J'ai eu un peu de réussite car ça correspondait au moment où on a commencé à pouvoir gagner de l'argent", précise Richard. L'année suivante, il commence à gagner sa vie avec ses performances. "Autour de 1 000 par mois", au début. Au fil des années, Shox se construit un palmarès au sein des plus grandes équipes, marqué notamment par un titre de champion du monde ESWC (l'un des principaux circuits du jeu, NDLR) en 2011 et une victoire en Major (un tournoi réunissant les meilleures équipes) en 2014. "Aujourd'hui, je fais partie des six seuls joueurs qui ont participé à tous les Majors depuis leur création en 2013", glisse-t-il.

Alors, les questions sur "l'après" commencent à arriver. "Mais quand j'y pense, mon niveau régresse. Il est un peu écrit dans les moeurs qu'à partir de 30 ans tu commences à être 'vieux' pour le milieu. J'ai à coeur de repousser cette limite", assure Richard.

Aujourd'hui, il passe un tiers de l'année en tournoi à l'étranger et s'entraîne beaucoup. "Cinq jours par semaine quand il n'y a pas de compétition, ce qui est rare !On fait aussi des bootcamps (des camps d'entraînement, NDLR) trois à quatre fois par an dans nos locaux au Stade de France." Lorsqu'il a du temps libre, Shox en profite pour se consacrer à sa famille, mais aussi à son autre passion : la pêche. "J'adore aussi prendre l'air, moi qui ai une activité où la plupart du temps je suis enfermé."

Avec ce rythme soutenu, son métier se rappelle assez vite à lui, mais sans que ce soit une contrainte. Car malgré les années, la passion reste très présente. "C'est ma vie", conclut-il.

Richard "Shox" Papillon. (Photo Vitality, DR)

Photo David Rossi

Photo David Rossi

Hub e-sport et actu gaming sur "La Provence"

Retrouvez nos émissions sur la chaîne Twitch "Hub Esport" https://www.twitch.tv/hubesport

Depuis juillet, La Provence a lancé son "Hub Esport", en partenariat avec la Région Sud. Une émission est diffusée un dimanche sur deux à 20 h 30 sur Twitch. Enregistrée dans nos locaux, dans un univers et un décor à chaque fois différents, "Sunday" est dirigée d'une main de maître par LyeGaia. La jeune streameuse de 25 ans originaire du Var - ambassadrice notamment de la team BDS - reçoit à chaque fois deux invités de renom de la scène gaming. Au programme : avis sur les dernières sorties jeu vidéo, réactions sur les prestations vues dans les tournois de la semaine, anecdotes sur leur parcours... Les personnalités échangent et se confient avant de s'affronter dans un jeu de culture générale. Hébergée sur la plateforme d'Amazon, le replay des émissions est également disponible sur le site de La Provence, "rubrique Gaming". Le mois prochain, un samedi sur deux, le streamer Hiuuugs proposera une émission sur "l'actu gaming".

En parallèle du Hub Esport, des tests complets ainsi que les actus sur le domaine de l'e-sport et du jeu vidéo sont publiés dans cette même rubrique pour fournir aux lecteurs les dernières informations dans ce domaine.