L’INTERVIEW

Charles Bonaparte
« Napoléon a su répondre
à des questions
que la France n’avait
jamais connues jusqu’alors »

Napoléon Ier le 31 mars 1814 à Fontainebleau, tableau de Paul Delaroche / La Provence

Napoléon Ier le 31 mars 1814 à Fontainebleau, tableau de Paul Delaroche / La Provence

Si quelque 80.000 livres ont été publiés sur Napoléon depuis
sa mort le 5 mai 1821 à l'île Sainte-Hélène, le « Petit Caporal »
devenu Empereur conserve encore bien des secrets.
Dans ses ouvrages, l’aîné de la seule branche légitime
de la famille Bonaparte le présente sous un jour nouveau,
beaucoup plus humain. Pour lui, au-delà de la popularité
internationale du personnage et en dépit de sa face sombre,
le message de Napoléon conserve une formidable actualité.

Pour Charles Bonaparte, « Napoléon naît au bon endroit et au bon moment » / MaxPPP

Pour Charles Bonaparte, « Napoléon naît au bon endroit et au bon moment » / MaxPPP

Ancien chargé de mission à la Délégation à l’aménagement du territoire (Datar) et consultant en Afrique et au Moyen-Orient, par la suite responsable de société et enseignant à l’Université de Floride, Charles Bonaparte est né en 1950 à Boulogne-Billancourt. Il est l’aîné de la seule branche survivante des descendants en ligne masculine et légitime de la famille Bonaparte, via le rameau issu de Jérôme, le frère de l’Empereur Napoléon Ier. Connu pour ses engagements politiques, notamment en 2001 dans l’équipe municipale de Simon Renucci à Ajaccio, Charles Bonaparte a présidé un temps l’association du Souvenir napoléonien, puis fondé la Fédération européenne des cités napoléoniennes qui regroupe une soixantaine de villes en France, Italie, Allemagne, Belgique, République tchèque, Pologne, etc. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Napoléon, mon aïeul, cet inconnu » (2009, XO Éditions). Charles Bonaparte a publié cette année « La Liberté Bonaparte », chez Grasset.

Jérôme Bonaparte photographié en 1852 par Eugène Disdéri  : le plus jeune frère de Napoléon est l'ancêtre de l'aîné actuel des Bonaparte / La Provence

Jérôme Bonaparte photographié en 1852 par Eugène Disdéri  : le plus jeune frère de Napoléon est l'ancêtre de l'aîné actuel des Bonaparte / La Provence

Le jeune Bonaparte élève de l’école militaire de Brienne (Champagne) / Musée Napoléon de Brienne-le-Château.

Le jeune Bonaparte élève de l’école militaire de Brienne (Champagne) / Musée Napoléon de Brienne-le-Château.

Napoléon Bonaparte, surtout dans sa jeunesse, est très éloigné de l’image de l’Empereur qui a cours aujourd’hui. Il est vivant, cultivé, curieux, impétueux pour ne pas dire colérique, il est aussi très amoureux. Cette humanité s’explique-t-elle par le fait qu’il n’était pas destiné à régner ?
« C’est exactement ça, il n’était pas programmé ni socialement, ni familialement, ni individuellement à devenir Empereur ! De lui, il faut d’abord souligner que c’est un Corse, un Corse du XVIIIe siècle né à la veille de la Révolution, à l’époque d’événements bien particuliers qui se sont déroulés sur l’île à savoir la domination de la République de Gênes puis les soulèvements de la population en 1729 et 1733, la déclaration d’indépendance en 1735, l’adoption d’une Constitution, l’occupation par la France, la lutte menée par Pascal Paoli, etc. On peut dire que Napoléon Bonaparte naît au bon endroit et au bon moment, dans cette période de multiples mutations qu’est la Révolution en Corse comme en France. Il y a une conjonction entre d’un côté une situation politique et de l’autre une personnalité et une carrière de militaire qui s’impose petit à petit à une logique. L’homme qui va prendre le pouvoir à la charnière des siècles a connu un début de carrière en Corse, il se destinait à servir une Corse paoliste et donc non-française ou a minima à la marge de la France. Du fait de hasards et de circonstances historiques, il s’engagera dans la Révolution française. Ce qui est caractéristique chez lui, c’est qu’il a une très haute ambition, cela apparaît dès ses premiers écrits. Il a une très haute opinion de lui-même, qu’il tient de l’éducation qui lui a été transmise par son père Charles-Marie Bonaparte dont le rôle a longtemps été sous-estimé. L’enfance de Napoléon est assez difficile : il n’a pas 10 ans qu’il doit quitter la Corse et s’exiler dans les terres froides du Nord, pour la Bourgogne et le collège d’Autun où sont déjà ses frères Lucien et Joseph, puis pour l’école militaire de Brienne dans les étendues de Champagne. C’est un univers qui lui est totalement étranger, aussi bien au niveau du climat qu’en terme de valeurs sociales, il est au contact de jeunes nobles français qui sont très éloignés de ses origines familiales et culturelles. Tout ça le renforce dans sa détermination à réussir et au fond à dominer les éléments hostiles qui l’entourent.

L’influence du père est également manifeste chez les autres enfants de la famille, qui ont le même désir d’ascension…
Tout à fait, tout du moins pour les trois premiers frères, Joseph, Napoléon et Lucien, qui sont envoyés en France pour faire carrière. S’il est disparu assez tôt, en 1785 à Montpellier alors qu’il n’avait que 38 ans, Charles-Marie a laissé une empreinte assez forte en ce sens que c’était lui-même un homme du XVIIIe siècle sur le plan des idées, c’est un gentilhomme corse qui veut réussir dans le rattachement de l’île à la France, un Corse génois qui entre de plain-pied dans la France prérévolutionnaire. Charles-Marie a les idéaux de son temps qui sont des idéaux de réussite personnelle, de réussite sociale, en rupture avec les idéaux de l’Ancien Régime. Il les inculque à son fils, qui a un caractère bien particulier comme le montrent de nombreux épisodes de son enfance. Ces études sont décisives pour Napoléon, qui reçoit l’éducation des jeunes du Siècle des Lumières ; il connaît bien l’Antiquité, il continuera par la suite à lire des classiques romains ; il se tourne vers les sciences avec un goût marqué pour les mathématiques, ce qui le fera servir dans l’artillerie qui est alors l’arme d’élite. Si Joseph est plus effacé, Lucien a aussi une personnalité très brillante, des idéaux affirmés : révolutionnaire convaincu, il aura d’ailleurs une opposition très forte avec Napoléon sur la question de l’Empire. Napoléon a toutefois également été un vrai révolutionnaire, surtout quand il rompt avec Pascal Paoli et perd ses ambitions corses. Ses correspondances durant la campagne d’Italie montrent bien qu’il a pour but d’instaurer la République et de diffuser les valeurs de la Révolution française. Sa carrière, il la doit à la Révolution qui avait grand besoin d’officiers capables.

Portrait posthume de Charles-Marie Bonaparte (1806), par Girodet-Trioson / La Provence.

Portrait posthume de Charles-Marie Bonaparte (1806), par Girodet-Trioson / La Provence.

Carte de la Corse publiée en 1815 / Collection privée

Carte de la Corse publiée en 1815 / Collection privée

Pourquoi sa fibre corse ne réveille-t-elle pas plus tard ? Au sommet de l’État, il ne se préoccupe guère de son île natale…
Il y a quelque chose comme une page tournée. Il en parle dans sa correspondance de temps en temps, il donne des instructions particulières pour sa gouvernance mais ce n’est pas forcément très positif, il envoie un administrateur pour faire cesser des désordres, c’est assez répressif. La Corse devient marginale pour lui, même si dans les écrits de Sainte-Hélène, il exprime quelques regrets. Mais ce sont des phrases tardives, de mémorialiste… Il en est de même pour la Provence, qui a pourtant beaucoup compté pour lui avec ses séjours marseillais et son amour pour Désirée Clary, ainsi qu’avec le siège de Toulon. En bon pragmatique, il n’en conserve aucune nostalgie : si Napoléon est romanesque, ce n’est pas un romantique !

S’il se détourne de ces terres qui ont marqué ses premières années, est-ce parce que le destin de la France se joue alors plus au nord ?
Le terrain géographique de son action politique, c’est incontestablement la France centrale dans ses rapports avec l’Europe centrale. Quand il arrive au gouvernement, les grands enjeux qui l’attendent sont les révoltes des Chouans qui se jouent dans l’Ouest, sur fond de crise avec l’Église ; la guerre avec l’armée de Strasbourg qui est sous la menace des troupes venues d’Allemagne et de Hollande ; les réformes de l’État qui se prennent depuis Paris, la France étant plus centralisée que jamais. En comparaison, le Sud n’est pas menacé sur ses frontières, c’est donc une préoccupation qui devient mineure.

« Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud. 10 novembre 1799 », toile de François Bouchot / Château de Versailles - La Provence

« Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud. 10 novembre 1799 », toile de François Bouchot / Château de Versailles - La Provence

« Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud. 10 novembre 1799 », toile de François Bouchot / Château de Versailles - La Provence

Portrait de Joséphine de Beauharnais, gravure signée Jacob Ernst Marcus en 1811 / Rijksmuseum Amsterdam

Portrait de Joséphine de Beauharnais, gravure signée Jacob Ernst Marcus en 1811 / Rijksmuseum Amsterdam

Portrait de Joséphine de Beauharnais, gravure signée Jacob Ernst Marcus en 1811 / Rijksmuseum Amsterdam

Arrivé au sommet de l’État, Napoléon reste très attaché à sa famille, à des amusements simples. Il est aussi passionné par les femmes. Dans vos livres, vous insistez beaucoup sur ce Napoléon intime…
Je le montre jouant avec les enfants de ses frères et sœurs ou, plus tard, avec son fils le roi de Rome. Comme il aime s’amuser avec ses compagnons, faire des mots d’esprit, des devinettes ou jouer aux cartes où il triche beaucoup ! Le côté enfantin de sa personne est assez peu connu. En ce qui concerne les femmes, il a été très volage mais il a aussi connu des amours vrais qui l’ont déchiré. La femme qu’il a le plus aimée, Joséphine, est aussi celle qui le fait le plus souffrir ; il a connu des formes de passions plus douces, comme avec Marie Walewska, et l’amour calme, presque conjugal avec Marie-Louise.

Comment Napoléon passe-t-il de la Révolution à l’Empire ? Est-ce dû à son intérêt pour la Rome antique ?
La raison de son échec final, c’est qu’il n’a pas trouvé de forme véritable de légitimité. D’abord, en tant que général, il la tire de la force. Puis d’un coup d’État réussi contre les Assemblées qui le mettent hors-la-loi, ce qui n’est pas idéal pour un révolutionnaire. Il cherche donc désespérément un statut légitime, qui est naturel chez un roi qui hérite d’une monarchie quasiment-divine ou qui dans la logique de la République devrait passer par le vote du peuple. Or, cette reconnaissance par le peuple, il ne l’aura jamais vraiment : il organise bien des consultations mais elles sont en partie manipulées entre autres par son frère Lucien, qui est ministre de l’Intérieur sous le consulat. Napoléon cherche donc autre chose et il imagine devenir un Empereur à la mode romaine, à l’exemple de César. Le premier article de la Constitution de l’an XII indique que la République confie le gouvernement à un Empereur, pour une période donnée. Il s’engage dans ce schéma mais c’est une impasse : si Rome avait un Sénat légitime, il n’y a rien de semblable en France et tout naturellement, il revient à la voie monarchique et tente de transmettre le pouvoir à son fils. Or, il verra bien après l’abdication de Fontainebleau en 1814 que personne n’imagine que son fils puisse lui succéder, parce que la Révolution est passée par là, parce qu’on a coupé la tête du roi. Son Empire est donc une construction un peu hasardeuse, elle est le fait d’un homme, avec des références à Rome mais aussi à Charlemagne et à l’Ancien Régime. Il ne trouve pas de synthèse entre les forces monarchistes et les forces républicaines parce que cette synthèse n’existe pas. Il se heurte à une contradiction que personne ne peut résoudre, entre la légitimité divine et la légitimité politique.

Le 2 décembre 1804 à Paris, sacré Empereur, Napoléon Ier couronne Joséphine / Estampe de la maison Basset, collection Mucem

Le 2 décembre 1804 à Paris, sacré Empereur, Napoléon Ier couronne Joséphine / Estampe de la maison Basset, collection Mucem

Le 2 décembre 1804 à Paris, sacré Empereur, Napoléon Ier couronne Joséphine / Estampe de la maison Basset, collection Mucem

Déporté après Waterloo, Napoléon est emprisonné par les Britanniques sur l’île Sainte-Hélène de 1815 à 1821 / Europeana

Déporté après Waterloo, Napoléon est emprisonné par les Britanniques sur l’île Sainte-Hélène de 1815 à 1821 / Europeana

Déporté après Waterloo, Napoléon est emprisonné par les Britanniques sur l’île Sainte-Hélène de 1815 à 1821 / Europeana

Vous éprouvez beaucoup de respect pour le Napoléon de Sainte-Hélène, dont on parle finalement peu…
Je n’ai pas le vertige du gouffre ni le goût du morbide mais, comme tous les lecteurs du ''Mémorial de Sainte-Hélène'', j’ai été frappé par l’extraordinaire lucidité de ses propos. Napoléon annonce la libération des peuples d’Amérique latine, la puissance à venir de la Chine, la création des États-Unis d’Europe… C’est tout de même pas mal. Et il poursuit en montrant la logique de son œuvre : l’instauration de la liberté et surtout de l’égalité entre les Français. Il a bien conscience aussi des faiblesses de son action. Il assume l’ensemble de ses fautes avec une sincérité évidente. Enfin, il a l’ultime lucidité de comprendre que cette prison si éloignée et si étriquée, qui l’enferme pendant six ans, forge son image pour la postérité. Il l’accepte avec une résignation stoïque qui force l’admiration alors qu’il avait plus d’une occasion de s’échapper. C’est une mise en scène grandiose et géniale de lui-même. Tous les romantiques du XIXe siècle, derrière Hugo, Stendhal et Dumas, le comprendront.

Outre ce théâtre de Sainte-Hélène, qu’est-ce qui explique, 200 ans après sa disparition, la persistance du mythe napoléonien ? Il est aussi international que contrasté, avec une « légende noire » et une « légende blanche »...
Il faut savoir que sur le moteur de recherche de Google, Napoléon arrive en deuxième position, derrière le Christ mais devant Mahomet et Shakespeare. Comment l’expliquer ? D’abord, cela n’a pas été vrai tout le temps : au XIXe siècle, avec l’instauration de la République, Napoléon a eu très mauvaise presse, parce que les bonapartistes s’étaient opposés à cette évolution des institutions, sans oublier les mauvais souvenirs laissés par Napoléon III. C’est d’autant plus vrai que plus tard, dans les années 1930, les bonapartistes s’alignent sur les positions des « Liguards ». Passé la Seconde Guerre mondiale, les choses changent du fait de ce qui va devenir la mondialisation et du besoin de grands héros. Napoléon Ier est de ceux-là parce que son action a touché le monde entier ou presque, en tout cas toute l’Europe : il a une longueur d’avance sur bien d’autres ! Qui plus est, le fonctionnement médiatique qui est à la base de l’historiographie mondialisée se nourrit de symboles et en la matière, Napoléon n’est pas avare…

Napoléon meurt à l'âge de 51 ans, le 5 mai 1821, « à 17 heures et 49 minutes » / Archives départementales des Bouches-du-Rhône

Napoléon meurt à l'âge de 51 ans, le 5 mai 1821, « à 17 heures et 49 minutes » / Archives départementales des Bouches-du-Rhône

Napoléon meurt à l'âge de 51 ans, le 5 mai 1821, « à 17 heures et 49 minutes » / Archives départementales des Bouches-du-Rhône

Reconstitution de la charge de la cavalerie française pour le Bicentenaire de Waterloo, le 20 juin 2015 en Belgique / MaxPPP

Reconstitution de la charge de la cavalerie française pour le Bicentenaire de Waterloo, le 20 juin 2015 en Belgique / MaxPPP

Reconstitution de la charge de la cavalerie française pour le Bicentenaire de Waterloo, le 20 juin 2015 en Belgique / MaxPPP

Que nous apporte aujourd’hui ce personnage connu dans le monde entier ?
C’est la question… Voici une quinzaine d'années, j’ai créé un réseau d’itinéraires culturels à travers l’Europe. Napoléon a laissé des traces un peu partout, qui restent vivantes. La preuve, ce sont les multiples reconstitutions, les musées, les expositions à travers le monde. Je considère que l’Histoire sert à quelque chose, parce qu’elle permet aux gens de retrouver leurs racines, d’être plus solides et donc de mieux se projeter vers le futur ; elle ne ramène pas au passé mais nous aide pour l’avenir. Aussi, nous ne cherchons pas à singer Napoléon, ce qui n’aurait aucun intérêt, mais à faire en sorte que les citoyens d’aujourd’hui soient plus responsables et soient plus capables de relever les enjeux de leur temps. Et c’est là que Napoléon est précieux : c’est un personnage qui a su répondre aux défis nouveaux de son époque. La France de la Révolution était confrontée à des questions auxquelles elle n’avait jamais été confrontée jusqu’alors. Et voilà un homme qui apporte des solutions nouvelles. Ce n’est pas lui qui apporte tout, beaucoup de choses sont issues de la Révolution, mais c’est un homme qui sait mettre en œuvre tout ça, mettre en partition, pour que la France vive mieux aujourd’hui encore. Il fallait une formidable énergie et une grande lucidité pour donner corps à tout ce qu’il y avait de positif, de porteur de libertés et de progrès dans la Révolution. La République n’a pas spontanément surgi de la Révolution. Qu’on se souvienne des journées de 1793 où le pouvoir appartenait à des bandes furieuses… Il a fallu du temps, de la constance, des compromis et combien de crises, de retours en arrière et de conflits pour arriver à la République contemporaine. La République est un ordre politique en mouvement constant, c’est ce qui fait sa force. Napoléon a puissamment lancé ce mouvement, éclairé le chemin. Il sait prendre des risques, sait se débarrasser de ses préjugés, sait faire preuve de réalisme, sait avoir un regard neuf. C’est ça, le message de Napoléon ! Le rôle de la Fédération européenne des cités napoléoniennes, c’est de contribuer à cette réflexion et donc de contribuer à construire l’Europe : l’Europe ne se fera réellement que lorsque les citoyens auront conscience d’une histoire commune et nous pensons que Napoléon est une brique importante dans la construction de cette identité partagée.

Quelles sont les actions menées par la Fédération européenne des cités napoléoniennes pour le Bicentenaire de sa mort ?
Concrètement, notre Fédération met en lien des villes, elle les regroupe, nous les aidons à s’organiser culturellement, touristiquement, à échanger des expériences, à nourrir des projets. C’est un enjeu économique mais aussi intellectuel, comme le montrent les travaux menés ces dernières années en Corse pour croiser les pensées de Napoléon et de Paoli : c’est une très bonne approche et nous avons eu beaucoup de satisfaction à pouvoir contribuer à cette discussion qui apaise le rapport longtemps contrasté et complexe entre la Corse et Napoléon. Cette année a donc lieu la première édition de la Semaine Européenne de Destination Napoléon, du 1er au 9 mai 2021, pour le Bicentenaire de sa mort. Cet événement annuel deviendra l'initiative phare de la Fédération Européenne des Cités Napoléoniennes (FECN) et Destination Napoléon, Itinéraire Culturel certifié depuis 2015 par le Conseil de l'Europe. Cette Semaine Européenne est l'occasion de donner de la visibilité aux activités et événements des plus de 60 villes et territoires membres de la FECN, présents dans treize pays, du Portugal à la Fédération de Russie. Elle met en avant l'héritage de Napoléon et de son temps dans l'Europe d'aujourd'hui. Chaque année, une thématique commune sera proposée par le Comité Scientifique de la FECN, permettant ainsi de fédérer les villes membres et faciliter pour le public la compréhension de cet héritage protéiforme.

1790, rencontre historique au couvent d’Orezza entre Paoli et Bonaparte / Corse-Matin

1790, rencontre historique au couvent d’Orezza entre Paoli et Bonaparte / Corse-Matin

1790, rencontre historique au couvent d’Orezza entre Paoli et Bonaparte / Corse-Matin

« Bonaparte au pont d’Arcole », peinture d'Antoine-Jean Gros / Hermitage Amsterdam

« Bonaparte au pont d’Arcole », peinture d'Antoine-Jean Gros / Hermitage Amsterdam

« Bonaparte au pont d’Arcole », peinture d'Antoine-Jean Gros / Hermitage Amsterdam

A l'occasion de ce Bicentenaire, le débat fait rage : faut-il célébrer Napoléon, le commémorer... ou tourner la page ?
La Fédération veut mettre en valeur l’œuvre de Napoléon dans sa dimension européenne, par la connaissance culturelle, historique et le tourisme culturel. Nous voulons commémorer le Bicentenaire de sa mort car c’est un moment privilégié pour souligner l’importance du personnage historique et de son œuvre. Mais nous ne voulons pas le célébrer, ce qui reviendrait à porter un jugement. Nous accueillons dans nos rangs des villes où il est perçu comme un grand réformateur porteur des idéaux de la Révolution, comme un général vainqueur ou vaincu, comme un despote implacable, comme le fondateur de Nations nouvelles. C’est le croisement de ces regards, échappant autant que possible aux jugements de valeur pour se rassembler dans le constat de la complexité et de l’importance de son œuvre, qui crée la mémoire commune dont l’Europe a besoin. La racine latine du mot commémorer désigne fort justement l’action de mémoires diverses. C’est ce à quoi nous voulons contribuer ».

Avec Charles Bonaparte,
des livres pour en savoir plus

Auteur de plusieurs livres sur l’aménagement du territoire et les évolutions de l’Europe, Charles Bonaparte a également beaucoup écrit sur son arrière-grand-oncle Napoléon depuis le début des années 2000. « Napoléon, mon aïeul, cet inconnu » (XO Éditions, 2009) est ainsi un de ses ouvrages les plus intéressants : à la fois précis et alerte, il puise à la meilleure des sources, les archives de la famille Bonaparte. Sorti cette année chez Grasset, « La Liberté Bonaparte » est plus personnel : selon les mots de Charles Bonaparte, ce livre autobiographique partage « une vision du monde délivrée du poids du mythe et soucieuse de transmettre l’éthique de la liberté pour mieux penser la politique de demain ».

« Sa carrière, il la doit à la Révolution
qui avait grand besoin d’officiers capables ».

A l'automne 1793, le capitaine Bonaparte montre sa science de l'artillerie lors du siège de Toulon / Mucem

A l'automne 1793, le capitaine Bonaparte montre sa science de l'artillerie lors du siège de Toulon / Mucem

A l'automne 1793, le capitaine Bonaparte montre sa science de l'artillerie lors du siège de Toulon / Mucem

« Napoléon sait prendre des risques,
sait se débarrasser de ses préjugés,
sait faire preuve de réalisme,
sait avoir un regard neuf ».

À Jaffa en mars 1799, Napoléon Bonaparte rend visite à ses soldats touchés par la peste / Mucem

À Jaffa en mars 1799, Napoléon Bonaparte rend visite à ses soldats touchés par la peste / Mucem

À Jaffa en mars 1799, Napoléon Bonaparte rend visite à ses soldats touchés par la peste / Mucem

« Après l’abdication de Fontainebleau
en 1814, personne n’imagine
que son fils puisse lui succéder ».

Napoléon à Arcis-sur-Aube, durant la campagne de France en mars 1814 / Mucem

Napoléon à Arcis-sur-Aube, durant la campagne de France en mars 1814 / Mucem

Napoléon à Arcis-sur-Aube, durant la campagne de France en mars 1814 / Mucem

« La raison de son échec final,
c’est qu’il n’a pas trouvé
de forme véritable de légitimité ».

Le 18 juin 1815 à Waterloo, Napoléon Ier affronte l'armée des Alliés, dirigée par le duc de Wellington / Mucem

Le 18 juin 1815 à Waterloo, Napoléon Ier affronte l'armée des Alliés, dirigée par le duc de Wellington / Mucem

Le 18 juin 1815 à Waterloo, Napoléon Ier affronte l'armée des Alliés, dirigée par le duc de Wellington / Mucem

« A Sainte-Hélène, Napoléon annonce
la libération des peuples d’Amérique latine,
la puissance à venir de la Chine,
la création des États-Unis d’Europe… ».

Mort le 5 mai 1821, Napoléon est inhumé le 9 dans la vallée du Géranium / Mucem

Mort le 5 mai 1821, Napoléon est inhumé le 9 dans la vallée du Géranium / Mucem

Mort le 5 mai 1821, Napoléon est inhumé le 9 dans la vallée du Géranium / Mucem

« Sainte-Hélène est une mise en scène grandiose et géniale de lui-même, tous les romantiques du XIXe siècle, derrière Hugo, Stendhal et Dumas, le comprendront ».

Dix-neuf ans après la mort de Napoléon, le roi Louis-Philippe obtient du Royaume-Uni la restitution de ses cendres / Mucem.

Dix-neuf ans après la mort de Napoléon, le roi Louis-Philippe obtient du Royaume-Uni la restitution de ses cendres / Mucem.

Dix-neuf ans après la mort de Napoléon, le roi Louis-Philippe obtient du Royaume-Uni la restitution de ses cendres / Mucem.

Les secrets de vos archives

Des trésors dorment toujours dans les caves et les greniers, deux siècles après l'épopée napoléonienne. Gravures, lettres, papiers officiels, objets ou simples récits, envoyez-nous vos documents et souvenirs de famille. LaProvence.com les partagera avec un nouveau Grand Format consacré au « Petit Caporal » devenu Empereur.

Contact: fguilledoux@laprovence.com

Napoléon Bonaparte vu en 1894 par le graphiste suisse Eugène Grasset, pour un magazine américain / Collection Paul Colombo, Marseille

Napoléon Bonaparte vu en 1894 par le graphiste suisse Eugène Grasset, pour un magazine américain / Collection Paul Colombo, Marseille