PRÉSIDENTIELLE 2017
Partie(s) de campagne(s) en Provence

Avec leurs 3.525.272 électeurs potentiels, les six départements du Sud-Est constituent un des enjeux forts de la dixième présidentielle au suffrage universel de la Ve République. De même, les législatives organisées dans la foulée apparaissent des plus indécises. Aussi, tous les partis s’activent dans la région Paca, d’autant que plusieurs acteurs majeurs sont des Provençaux et que des événements locaux font écho ou nourrissent des controverses nationales. Tour d'horizon.

MICHÈLE RIVASI, FINALISTE ÉCOLOGISTE
Comme elle l’a fait à de multiples reprises depuis 1981, la famille écologiste est passée à l’automne 2016 par une primaire afin de désigner son candidat. La logique comme plusieurs sondages voulaient que ce soit Cécile Duflot, ancienne patronne d’Europe Ecologie-Les Verts et nommée ministre du Logement après l’élection de François Hollande, ses concurrents étant appelés à faire de la figuration. Surprise, elle est éliminée dès le premier tour au profit de Yannick Jadot et de Michèle Rivasi. Laquelle est bien connue dans la région puisque cette enseignante de la Drôme provençale a participé en 1986 à la création de la Criirad, une structure indépendante qui réalisera des mesures scientifiques et prouvera les mensonges du nuage de Tchernobyl. Trente ans après, celle qui est depuis 2009 députée européenne (Europe Écologie) du Sud-Est est une spécialiste reconnue du nucléaire et de la transition énergétique. Finalement battue, Michèle Rivasi sera une des premières à appeler Yannick Jadot à rejoindre le socialiste Benoît Hamon, afin de réduire quelque peu les divisions de la gauche.

Michèle Rivasi et Cécile Duflot en septembre 2016 à Marseille / Photo Cyril Sollier
Michèle Rivasi et Cécile Duflot en septembre 2016 à Marseille / Photo Cyril Sollier

Août 2016, visite à Marseille de Nicolas Sarkozy soutenu par MM. Muselier, Estrosi et Gaudin / Photo Cyril Sollier
Août 2016, visite à Marseille de Nicolas Sarkozy soutenu par MM. Muselier, Estrosi et Gaudin / Photo Cyril Sollier
PRIMAIRE A DROITE, UNE CLAQUE
POUR LES CACIQUES PROVENÇAUX
Organisée les 20 et 27 novembre 2016 par Les Républicains (LR), le Parti chrétien-démocrate (PCD) et le Centre national des indépendants et paysans (CNIP) afin de désigner leur candidat commun, la primaire de la droite promettait de longue date un duel Juppé-Sarkozy au second tour, le premier devant d’évidence l’emporter et se diriger sans coup férir vers l’Élysée, à l’issue d’une petite promenade de santé. Ce qui n’empêchait pas les caciques provençaux de LR, de Jean-Claude Gaudin à Marseille à Christian Estrosi à Nice, d’œuvrer tous ou presque en faveur de Nicolas Sarkozy, d’autant plus qu’ils étaient persuadés que leurs électeurs iraient dans ce sens. Patatras, tout est bousculé au soir du premier tour, quand François Fillon arrive très largement en tête. Au niveau national (44,1%) comme dans les six départements de la Région Paca. Ce qui donna lieu dans notre région à bien des ralliements empressés, Christian Estrosi étant un des rares à avancer à pas comptés vers le futur vainqueur.
DAVID RACHLINE, LE FN NOUVELLE GÉNÉRATION
Adhérent du Front national depuis l’âge de 15 ans, physique aussi rond que ses idées extrêmes sont affirmées, David Rachline a connu une ascension fulgurante au sein d’une formation en manque de cadres pour incarner le Front national tendance Marine Le Pen. Élu en 2014 maire de Fréjus puis sénateur du Var, il symbolise à 26 ans une formation désormais en capacité de remporter des combats politiques. Début 2017, il est donc été nommé par Marine Le Pen au poste hautement stratégique de directeur de sa campagne pour l’élection présidentielle. Et ce au grand dam du sénateur-maire des quartiers nord de Marseille, Stéphane Ravier, qui convoitait également le poste. Côté plus sombre, on relève un passage de Rachline à Égalité et Réconciliation, le mouvement radical fondé et présidé par Alain Soral (plusieurs fois condamné pour propos antisémites et provocation à la haine raciale). Le maire de Fréjus est également un proche de Frédéric Chatillon, l’homme au cœur de toutes les affaires financières qui embarrassent depuis plusieurs années le Front national.

David Rachline entre Marion Maréchal-Le Pen et Marine Le Pen / Photo Nicolas Vallauri
David Rachline entre Marion Maréchal-Le Pen et Marine Le Pen / Photo Nicolas Vallauri













François Hollande, le Président sortant / Photo Florian Launette
François Hollande, le Président sortant / Photo Florian Launette

Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) / Serge Guéroult
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) / Serge Guéroult

François Asselineau (Union populaire républicaine) / Photo Ange Esposito
François Asselineau (Union populaire républicaine) / Photo Ange Esposito

Jacques Cheminade (Solidarité et progrès) / AFP
Jacques Cheminade (Solidarité et progrès) / AFP

Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) / Photo Nicolas Vallauri
Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) / Photo Nicolas Vallauri

François Fillon (Les Républicains) / Photo Bruno Souillard
François Fillon (Les Républicains) / Photo Bruno Souillard

Benoît Hamon (Parti socialiste) / Photo Christian Buffa
Benoît Hamon (Parti socialiste) / Photo Christian Buffa

Jean Lassalle (divers droite) / Photo Cyril Sollier
Jean Lassalle (divers droite) / Photo Cyril Sollier

Marine Le Pen (Front national) / Photo Bruno Souillard
Marine Le Pen (Front national) / Photo Bruno Souillard

Emmanuel Macron (En marche !) / Photo Cyril Hielly
Emmanuel Macron (En marche !) / Photo Cyril Hielly

Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) / Photo Frédéric Speich
Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) / Photo Frédéric Speich

Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) / Photo Frédéric Speich
Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste) / Photo Frédéric Speich

Tract de soutien à Manuel Valls pour la primaire organisée par le PS, le PRG et l’UDE / Photo Nicolas Vallauri
Tract de soutien à Manuel Valls pour la primaire organisée par le PS, le PRG et l’UDE / Photo Nicolas Vallauri
PRIMAIRE A GAUCHE, MANUEL VALLS
PATAUGE DANS LES BOUES ROUGES
La question du rejet dans les calanques de Marseille des boues rouges de l’ex-usine Péchiney de Gardanne était déjà l’objet d’un bras-de-fer gouvernemental entre le Premier ministre Manuel Valls et la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, le premier remettant en cause leur toxicité et ayant accordé la prolongation de ces rejets malgré le veto de la seconde. Début 2017, lors de la primaire de la gauche non-communiste (à savoir le PS, le PRG et l’UDE), elle est devenue un des marqueurs en matière d’environnement entre l’ex-chef du gouvernement et Benoît Hamon, fermement accroché à la préservation des calanques. Faut-il y voir un des effets qui ont contribué à l’avance prise dès le premier tour par le futur vainqueur ? Sans doute puisque l’argument a frappé au niveau national et qu’Hamon a obtenu 35,1% des suffrages dans les Bouches-du-Rhône, Manuel Valls étant à 32,4% malgré le soutien affiché du patron de la Fédération socialiste, Jean-David Ciot. À noter la participation d’un Marseillais à cette primaire, Jean-Luc Bennahmias. S’il a marqué les esprits par sa décontraction iconoclaste, l’ancien Vert passé par le MoDem n’a en revanche pas fait recette dans les urnes : il est arrivé bon dernier du premier tour (1%), améliorant à peine son score dans les Bouches-du-Rhône (1,3%).
EMMANUEL MACRON, DES RALLIEMENTS TOUT-TERRAIN
Avec son positionnement « et à gauche, et à droite » plutôt que « ni droite, ni gauche » (qui renverrait au discours des Le Pen père et fille), Emmanuel Macron tente depuis l’automne 2016 un pari assez inédit, même si on peut l’associer d’une certaine manière à une vieille tradition centriste : elle connut quelques succès aux premières heures de la Ve République (Lecanuet en 1965 et Alain Poher en 1969), plus une résurgence étonnante avec François Bayrou en 2007. Ce positionnement peut-il être gagnant jusqu’aux législatives de juin 2017, quand la force d’une dynamique nationale et la puissance des implantations locales entreront en concurrence ? La réponse reste à écrire au cœur de la campagne présidentielle mais force est de constater que d'ores et déjà, l’ancien ministre de Manuel Valls ratisse large dans le Sud-Est et plusieurs Provençaux tiennent un rôle-clef dans son aventure. Ainsi le député PS des Alpes-de-Haute-Provence Christophe Castaner, qui lui a longtemps tenu lieu de porte-parole pour ne pas dire de poisson-pilote. Ou encore le Gardannais Jean-Marc Borello, présenté comme son « atout social » : président du groupe SOS, un géant de l’économie sociale et solidaire qui regroupe plus de 400 établissements et emploie 15.000 salariés, il est depuis 2016 un des neuf délégués nationaux du mouvement « En marche ! » et un de ses conseillers les plus influents. Reste que comme souvent, l’affaire a un côté « auberge espagnole ». Il a éclaté au grand jour en novembre 2016, quand Emmanuel Macron a fait dans les Bouches-du-Rhône un des premiers déplacements de campagne : on a ainsi découvert que l’essentiel de ses troupes et de ses élus était alors composé des restes du « guérinisme », le système trouble mis en place en des temps pas si lointains par l’ancien président du Conseil général.

Christophe Castaner et Emmanuel Macron en février 2017 à Forcalquier / Photo Stéphane Duclet
Christophe Castaner et Emmanuel Macron en février 2017 à Forcalquier / Photo Stéphane Duclet

Roland Povinelli après sa mise en examen en 2015 pour « détournement de fonds publics » et « recel » / Photo Florian Launette
Roland Povinelli après sa mise en examen en 2015 pour « détournement de fonds publics » et « recel » / Photo Florian Launette
« PÉNELOPEGATE », LE PRÉCÉDENT POVINELLI
Lorsque les soupçons d’emploi fictif concernant l’épouse de François Fillon ont éclaté, le candidat de la droite comme ses avocats ont martelé que non content d’être une première, une enquête concernant un parlementaire et son assistant(e) était impossible. Or, un précédent existait dans les Bouches-du-Rhône, avec le maire d’Allauch Roland Povinelli (PS) et sa belle-fille : ils étaient ainsi depuis 2012 dans le collimateur de la justice marseillaise, en raison de faits similaires commis lorsqu’il était sénateur (2008-2014). En 2015 et 2016, ils avaient respectivement été mis en examen pour « détournement de fonds publics » et « recel », la juge d’instruction Anne Tertian considérant que la belle-fille de l’élu avait occupé à partir de 2009 « un emploi d’assistante parlementaire fictif ou surrémunéré ». Si ces mises en examen ont été annulées le 7 décembre 2016 par la cour d’appel d’Aix pour une question de forme, un réquisitoire supplétif a été rapidement pris afin qu’elles soient de nouveau signifiées. C’est ainsi que Roland Povinelli s’est retrouvé de manière impromptue dans un des épisodes du « Pénélopegate », son nom revenant en boucle dans les questions posées par les journalistes aux avocats de François Fillon…Lors de la présidentielle, Jacques Chirac fera à Avignon son moins mauvais score des villes vauclusiennes (21,6% des voix, mais Le Pen arrive en tête avec 22%). Au second tour, c’est dans le Vaucluse que le leader du FN fera son meilleur résultat dans la région (29,6%). Marie-José Roig va prendre une nouvelle revanche sur Élisabeth Guigou en juin 2002 en reprenant son siège de député de la 1ère circonscription. Elle deviendra, à son tour, ministre entre 2004 et 2005, d’abord de la Famille et de l’Enfance, puis déléguée à l’Intérieur et aux Collectivités locales auprès de Dominique de Villepin, ministre de l’Intérieur, ce qui confirmera sa fidélité chiraquienne. Elle sera réélue député et maire d’Avignon en 2007 et 2008.

Avec 4,1% en Paca, Benoît Hamon signe le plus mauvais score socialiste de la Ve République / Photo Thierry Garro
Avec 4,1% en Paca, Benoît Hamon signe le plus mauvais score socialiste de la Ve République / Photo Thierry Garro
Les résultats
Premier tour (23 avril 2017)
France
Abstentions : 22,2%. Emmanuel Macron (EM) : 24%. Marine Le Pen (FN) : 21,3%. François Fillon (LR) : 20%. Jean-Luc Mélenchon (LFI) : 19,6%. Benoît Hamon (PS) : 6,4%. Nicolas Dupont-Aignan (DLF) : 4,7%. Jean Lassalle (divers droite) : 1,2%. Philippe Poutou (NPA) : 1,1%. François Asselineau (UPR) : 0,9%. Nathalie Arthaud (LO) : 0,6%. Jacques Cheminade (S&P) : 0,2%.
Région Paca
Abstentions : 21,2%. Marine Le Pen (FN) : 28,2%. François Fillon (LR) : 22,4%. Emmanuel Macron (EM) : 18,9%. Jean-Luc Mélenchon (LFI) : 18,7%. Nicolas Dupont-Aignan (DLF) : 4,3%. Benoît Hamon (PS) : 4,1%. Jean Lassalle (divers droite) : 1,1%. François Asselineau (UPR) : 0,9%. Philippe Poutou (NPA) : 0,8%. Nathalie Arthaud (LO) : 0,4%. Jacques Cheminade (S&P) : 0,2%.
Second tour (7 mai 2017)
France
Abstentions : 25,4%. Emmanuel Macron (EM) : 66,1%. Marine Le Pen (FN) : 33,9%.
Région Paca
Abstentions : 25,6%. Emmanuel Macron (EM) : 55,5%. Marine Le Pen (FN) : 44,5%.





Candidat en tête au premier tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr
Candidat en tête au premier tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr

Candidat en deuxième position au premier tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr
Candidat en deuxième position au premier tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr

Candidat en troisième position au premier tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr
Candidat en troisième position au premier tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr

Candidat en tête au second tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr
Candidat en tête au second tour / Source : Laurent de Boissieu / france-politique.fr