Yves Montand, l'éternelle jeunesse

Né en 1921, il aurait eu 100 ans aujourd’hui. Venu du music-hall
marseillais, il fut un des grands de la chanson et du cinéma français.

En 1968, remise en forme avant son récital de retour sur la scène de l’Olympia / Collection Yves Montand-Valentin Livi

En 1968, remise en forme avant son récital de retour sur la scène de l’Olympia / Collection Yves Montand-Valentin Livi

En 1968, remise en forme avant son récital de retour sur la scène de l’Olympia / Collection Yves Montand-Valentin Livi

C'est à Saint-Paul-de-Vence qu'Yves Montand a rencontré Carole Amiel. En 1982, il l'engage pour s'occuper de la presse durant la tournée de son retour sur scène. Une relation naît, officialisée en 1987 et qui donnera naissance à Valentin, enfant unique d'Yves Montand. Carole Amiel vient de publier « Yves Montand, la force du destin », aux Éditions de La Martinière.

Carole Amiel, Valentin Livi et sa fille cet été à Marseille, pour le vernissage d'une exposition Montand au château de la Buzine / Photo Franck Pennant

Carole Amiel, Valentin Livi et sa fille cet été à Marseille, pour le vernissage d'une exposition Montand au château de la Buzine / Photo Franck Pennant

Carole Amiel, Valentin Livi et sa fille cet été à Marseille, pour le vernissage d'une exposition Montand au château de la Buzine / Photo Franck Pennant

En 1931 à Marseille, avec sa soeur Lydia et son frère Julien / Collection Yves Montand-Valentin Livi

En 1931 à Marseille, avec sa soeur Lydia et son frère Julien / Collection Yves Montand-Valentin Livi

En 1931 à Marseille, avec sa soeur Lydia et son frère Julien / Collection Yves Montand-Valentin Livi

Le livre que vous venez de publier avec Luc Larriba est d'une incroyable richesse. A-t-il été difficile à réaliser ?

Pour les photos, j'ai beaucoup de mètres linéaires : nous avons pioché dedans, en complétant avec des photos que nous avons trouvées ailleurs. Pour les notes, ce sont des archives personnelles de Montand qui sont à la maison : on voit comment il organisait ses spectacles, comment il continuait à parler anglais, à s'attacher aux mots. Ce sont des petits brouillons qu'il avait chez lui, des cahiers à spirale sur lesquels il écrivait toutes ses pensées. Pour les témoignages, c'était la partie de Luc Larriba qui est journaliste. Quand nous avons commencé le livre, nous sommes tombés dans la période du Covid et donc, beaucoup de personnalités étaient chez elle, confinées. Du coup, elles se sont peut-être un petit peu plus installées, elles ont parlé plus longuement que si elles avaient eu leur emploi du temps habituel qui est en général extrêmement chargé.

Cette expérience vous a permis de mieux connaître Montand ?

J'avais entendu parler de beaucoup de choses mais c'était son point de vue. Là, il y a le point de vue de l'actrice, le point de vue du metteur en scène, le point de vue du journaliste, etc. Vous savez, on en apprend toujours avec Montand. Par exemple, nous avons parlé longuement avec Costa-Gavras et il y avait des choses que j'ignorais.

En 1944 à Paris, une idylle secrète naît avec Edith Piaf / Keystone

En 1944 à Paris, une idylle secrète naît avec Edith Piaf / Keystone

En 1944 à Paris, une idylle secrète naît avec Edith Piaf / Keystone

En 1956 à Berlin avec Simone Signoret, pour le tournage des « Sorcières de Salem » de Raymond Rouleau / La Provence

En 1956 à Berlin avec Simone Signoret, pour le tournage des « Sorcières de Salem » de Raymond Rouleau / La Provence

En 1956 à Berlin avec Simone Signoret, pour le tournage des « Sorcières de Salem » de Raymond Rouleau / La Provence

On a peine aujourd'hui à saisir toute la richesse de sa carrière...

Absolument, car c'est un parcours extraordinaire. Il vient d'un milieu extrêmement pauvre. Je n'ai pas honte de dire même, plus pauvre que pauvre. Et il est arrivé 50 ans plus tard à chanter à New York sur la scène du Metropolitan... En fait, dès qu'il a atteint le haut de l'affiche, il ne l'a jamais plus quitté. D'abord dans la chanson, puis au cinéma. Quand il décide en 1968 d'arrêter la chanson pour se consacrer aux films, il va tourner les oeuvres les plus marquantes de sa carrière d'acteur. Il avait vraiment un flair, un instinct, un sens formidable.

Montand a toujours revendiqué sa jeunesse à Marseille. Vous a-t-il fait découvrir la ville ?

C'était un pur de Marseille, il y a passé son enfance, son adolescence, y a effectué ses premiers pas sur scène. Il aimait venir voir ses parents qui vivaient dans la région. La première fois que j'y suis allée avec lui, c'était pour la tournée de 1982. Pour lui, c'était très important. Il disait à tout le monde : « Vous allez voir, ils ne sont peut-être pas très disciplinés car les Marseillais parlent... ». Il a chanté trois ou quatre soirs, c'était sous un chapiteau et la foule était là. Il est d'ailleurs important pour moi que Marseille lui consacre une exposition, au château de la Buzine, d'autant qu'il aimait beaucoup Pagnol et que « Jean de Florette » et « Manon des sources » comptent parmi ses grands succès publics.

En 1973 avec le sculpteur César , lors d'une dégustation de produits alimentaires dans une rue de Marseille / La Provence

En 1973 avec le sculpteur César , lors d'une dégustation de produits alimentaires dans une rue de Marseille / La Provence

En 1973 avec le sculpteur César , lors d'une dégustation de produits alimentaires dans une rue de Marseille / La Provence

En 1982, concert à Marseille sous chapiteau / La Provence

En 1982, concert à Marseille sous chapiteau / La Provence

En 1982, concert à Marseille sous chapiteau / La Provence

Serait-il possible de créer un lieu Montand, comme on a un musée Raimu à Marignane ?

Malheureusement, une partie des objets qui appartenaient à Simone Signoret et à Montand a été dispersée il y a quelques années. Pour faire un musée maintenant, il faudrait retrouver tous les gens qui ont éventuellement acheté les objets et les réunir, mais c'est plus compliqué...

Dans votre ouvrage, vous mettez en avant sa force de conviction...

Oui, je dirais que la troisième passion de Montand avec la chanson et le cinéma, c'était la politique. Tous les matins, il lisait les journaux et dès qu'il y avait quelque chose qui méritait une réflexion particulière, il appelait ses copains et ça discutait pendant une heure. Il était très au fait de ce qui se passait en France et à l'étranger. Les moments où il s'emportait le plus, c'est quand il parlait politique. C'était quelqu'un d'honnête. Quand il a participé à des émissions au début des années 1980, les gens l'ont beaucoup remercié de dire tout haut ce qu'ils pensaient tout bas.

En 1985, avec Gérard Depardieu, Emmanuelle Béart et Claude Berri / La Provence

En 1985, avec Gérard Depardieu, Emmanuelle Béart et Claude Berri / La Provence

En 1985, avec Gérard Depardieu, Emmanuelle Béart et Claude Berri / La Provence

En 1988, tournage à Marseille d'une scène de « Trois places pour le 26 » / Photo Pierre Boyer

En 1988, tournage à Marseille d'une scène de « Trois places pour le 26 » / Photo Pierre Boyer

En 1988, tournage à Marseille d'une scène de « Trois places pour le 26 » / Photo Pierre Boyer

La famille faisait-elle également partie de ses grandes passions ?

Oui, sauf que dans cette famille, il y a eu une grande scission quand il a commencé à dénoncer le communisme et le stalinisme, dans la mesure où son frère Julien est resté un communiste pur et dur. Montand a failli se casser les cordes vocales tellement ça a été violent entre eux ! Ils se sont juste reparlés quelque temps avant son décès...

La famille, c'est aussi votre fils, Valentin. Il a participé à l'ouvrage...

Oui, c'est très émouvant d'ailleurs. Maintenant qu'il est père à son tour, il se rend compte qu'il n'a pas vécu avec son papa ce que sa fille Margot vit avec lui. Il vit à Montpellier, il a créé une école de jeux vidéo 3D. Il mène sa vie, il a ses propres projets, il n'est pas écrasé par son père, il est bien dans ses baskets. C'est tout ce que l'on peut lui souhaiter, se lever le matin en étant heureux de ce qu'il fait.

« Yves Montand, la force du destin », le livre que vient de publier Carole Amiel aux Éditions de La Martinière / DR

« Yves Montand, la force du destin », le livre que vient de publier Carole Amiel aux Éditions de La Martinière / DR

« Yves Montand, la force du destin », le livre que vient de publier Carole Amiel aux Éditions de La Martinière / DR

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 9:26

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 9:26

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 9:26

Sudorama / Institut National de l'Audiovisuel. Durée : 9:26